Un de Baumugnes est un roman de jeunesse de Giono qui fait partie de la première phase régionaliste de sa carrière.
Le narrateur, un vieil ouvrier agricole nommé Amédée, va se mettre en quête d'aider un de ses compagnons, l'Albin, originaire du mystérieux village montagnard de Baumugnes, aux pratiques mythologiques et païennes de communication magique par la musique, pour sauver la femme qu'il aime disparue après avoir été séduite et / ou violée / enlevée par un petit maquereau marseillais.
Le roman s'ouvre comme une histoire de vengeance paysanne, âpre et noire, taillée à la serpe, ce qui m'a énormément emballé d'abord, et s'achève dans sa seconde partie comme un conte, ce qui m'a sensiblement déçu bien qu'on y retrouve déjà en germe cette approche très terrienne, un peu païenne, de la vie que j'aime beaucoup chez Giono. "Vous me direz : ils s'aimaient comme des bêtes...et je vous redirai : oui...et après ?..."
Le travail stylistique sur l'oralité brutale et incorrecte du langage, blindée de jargon provençal et paysan des années 20 est génial. Le livre est rempli, déjà là encore, de ces métaphores simples mais parlantes qui font presque de Giono un auteur quasi animiste : il est toujours question de l'âme et de la couleur des sentiments qui ne se comprennent que comme le résultat symbolique et concret à la fois d'une odeur de feuille ou d'une opération de fauchage.
Je suis simplement déçu, donc, de l'orientation de la structure du bouquin sur le global. Mais c'est d'un style tout à fait intéressant et ça me fait regarder avec plus de bienveillance cette première phase du taf de Giono.
Le reste de la trilo' est peut-être bien à tenter.