Un singe en hiver
7.5
Un singe en hiver

livre de Antoine Blondin (1959)

Un roman à boire sans modération

"Un singe en hiver" est un livre d'Antoine Blondin publié en 1959. Il met en scène deux âmes perdues. Le roman s'ouvre sur les rêves d'un viel homme, Quentin, ancien soldat du corps expéditionnaire français en Chine. Celui-ci sera incarné de manière magistrale, trois ans plus tard, par un Jean Gabin aux cheveux blancs en raison de sa participation à la libre, ce qui provoquera sa mise à l'écart par le monde du cinéma au lendemain de la guerre, le milieu cinématographique ne pouvant pas regarder en face sa lâcheté et sa compromission avec l'occupant nazi, à la travers la Continentale.


Albert Quentin, la soixantaine, a arrêté de boire il y a une dizaine d'années et depuis il rêve de ses anciennes expéditions en Chine quand il était fusiller marin. L'écriture réjouissante d'Antoine Blondin contraste avec la mélancolie de ses personnages. D'ailleurs, Antoine Blondi n'est-il pas Gabriel Fouquet, le second protagoniste du roman, un homme meurtri. Les femmes sont absentes du roman, à l'exception de l'épouse d'Albert qui "l'enmmerde" comme Jean Gabin le dit à Suzanne Flon dans le film d'Henri Verneuil, scénarisé par Audiard Père. La misogynie est prégnante dans le cinéma et la littérature de l'époque.


Gabril Fouquet est un homme de 35 ans, une gueule d'ange, porté sur la boisson. Il va perturber le quotidien du vieux couple, les Quentin, propriétaire d'un hôtel sur la côte normande. Suzanne sent dès le départ que l'arrivée du jeune homme va bouleverser leur existence. Reçu exceptionnellement par Quentin sous le regard de son épouse, Fouquet n'est pas reçu comme un client ordinaire. or, le quotidien des Quentin est calme depuis qu'Albert avait promis de rester sobre depuis la fin de la guerre, à Tigreville.


Après trois semaines de séjour calme semble-t-il, Fouquet rentre saoul à l'hôtel. Albert découvre alors le secret du jeune homme qui noie un chagrin d'amour dans l'alcool et se prend pour un torero international. Quentin ne lui en veut pas. Il aide même Fouquet à rentrer qui est dans son délire alcoolisé. Mais, point de jugement. Antoine Blondin n'est-il pas lui-même un tenant de la dive bouteille, la bouteille étant une amante fidèle.


Les deux héros vont alors se reconnaître autour de leur ivrognerie ée et présente. Fouquet va alors se lancer le défi de faire refaire tomber Albert dans la dive bouteille. Arrive ce moment fatidique quand Fouquet, seul client de l'hôtel et sobre, est convié à la table des Quentin. Albert, pour fêter l'occasion ouvre une bouteille millésimée datant de 1945, tout en refusant de le boire. Fouquet n'apprécie en rien ce moment et s'ennuie, malgré la convivialité de ses hôtes.

Arrive le jour de la Toussaint voyant débarquer une multitude sur ces côtes de la Manche théâtres de combats sanglants. Fouquet va alors en profiter pour montrer à tous ses talents de torero en combattant des voitures. Cette scène, prodigieusement jouée par Belmondo dans le film du même nom et loin des pitreries les décennies suivantes, est le moment dans le roman qui voit l'affection presque paternelle d'Albert envers son complice de future beuverie. . Fouquet fait montre de courage face aux taureaux mécanisés. Albert, au lieu de s'offusquer comme le commun des quidam, ire ce jeune homme qui lui remet en mémoire ses saouleries d'antan. Après tant d'années d'une sobriété morne, Albert convie son jeune amie dans une maison isolée sur la côte tenue par une certaine Annie, une Indochinoise semble-t'il. Celle-ci leur sert alors un semblant de saké. Dès lors, les vannes s'ouvrent et Albert, entouré de souvenirs factices, se met à conter, dans une atmosphère heureuse et embrumée. S'engage une bataille rhétorique et après une heure, les deux compères redescendent en ville où Albert fait montre d'une saoulerie princière face à une populace offusquée. Albert, avec l'aide de Fouquet, va ensuite souhaiter donner un feu d'artifice, un dernier hommage à l'ivresse et à sa jeunesse envolée.




Un roman à boire sans modération.


10
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le 13 mars 2025

Critique lue 4 fois

SebastienTalvas

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