Le moins bon de la trilogie ?
Avant de lire le tant attendu dernier volume de la trilogie « Underworld » j'ai relu les deux premiers volume pour avoir une vision de l'ensemble. Et ce dernier titre a pour moi comme un petit goût de déception malgré un tour de force narratif. Explication
Alors je ne vais pas m'appesantir sur l'histoire, la trilogie c'est un peu l'histoire secrète des USA entre l'assassinat de JKF et la mort de John Edgard Hoover, le récit de la collusion entre mafia, politique et FBI de 1962 à 1972. Mais c'est une histoire réinventée (qui n'a pas la prétention de décrire la réalité donc) et surtout vue par les seconds couteaux, les hommes chargés des basses besognes. Underworld USA traite la période 68-72, après les assassinats de Martin Luther King et Robert Kennedy.
Underworld USA est articulé autour de 3 personnages principaux : Wayne Tedrow Jr nervi de Howard Hugh, de la mafia et un peu du FBI, Dwight Holy le spécialiste en coups fourrés de John Edgar Hoover et Crutchfield, jeune privé un peu miteux et de tempérament voyeur qui va découvrir les coulisses de l'histoire américaine. Comme d'habitude chez Ellroy les personnages principaux sont amenés à commettre des actions qu'ils regrettent et sont hantés par le doute et l'idée de rédemption. Mais j'ai trouvé que cette fois cela fonctionnait moins bien que d'habitude, la faute à mon avis à l'énorme machinerie narrative qu'Ellroy a déployée. Car l'intrigue est incroyablement dense, complexe, touffue.
Le livre s'ouvre sur un braquage en 1964 qui servira de pivot au roman, la plupart des personnages gravitant de près ou de loin autour de ce braquage. Ellroy lance différentes intrigues autour de différents personnages et petit à petit rapproche les fils de son récit jusqu'à tisser un fil unique. Avec maestria. Difficile de lire trop vite sans er à côté d'un complot, d'un petit détail qui prendra tout son relief 200 pages plus tard. Le récit est d'une densité et d'une complexité assez incroyable magistralement construit. Un vrai travail d'orfèvre.
Mais cette densité se paye au prix de l'intensité. L'ensemble m'a semblé moins fort que d'habitude, la tension dramatique plus lâche et je n'ai pas été emporté comme d'habitude par le récit. La faute aussi à des personnages moins attachants et parfois assez peu crédible. On a par moment du mal à comprendre ce qui les motive et le pourquoi de leur choix. Du coup on les regarde er mais sans vraiment s'attacher sauf peut être dans le cas de Crutchfield, personnage le plus réussi (et sans doute le plus proche de l'auteur).
Après le choc de American Death Trip au style haché, cassé, Underworld USA marque un retour à un style plus fluide et plus classique. Vu la densité de l'intrigue ça n'est pas forcement un mal mais quand on enchaîne les deux romans, ce changement peut décevoir et participe à ce sentiment mitigé que m'a laissé le livre.
Alors certes Underworld USA n'est pas un mauvais roman, loin de là. C'est un excellent roman historique (plus qu'un polar), bien écrit, à l'intrigue dense et riche sur une période complexe de l'histoire des USA. Mais Ellroy a peut être perdu en route un peu de ce qui fait son charme : l'intensité dramatique, des personnages complexes et attachants, le côté coup de poing dans la gueule. Il devrait peut être méditer cette maxime « Less is more »
Et à titre personnel j'ai hâte que James retourne au polar (ce qui est prévu normalement)