Le bouquin du journaliste russe Mikhaïl Chevelev (son premier roman) s'ouvre sur un ton léger, presque badin, pour nous décrire les petits travers de la société moscovite.
On s'y croirait et son humour nous est même très accessible (sans doute une belle traduction), bref on ne boude pas notre plaisir de redécouvrir la Russie moderne de l'intérieur, loin des clichés occidentaux.
En 1996, le journaliste Pavel est envoyé en reportage en Tchétchénie pour couvrir les négociations d'un cessez-le-feu : il reviendra avec Vadim, un soldat russe prisonnier des indépendantistes dont il a négocié la liberté.
Vingt ans plus tard en 2015, le journaliste Pavel retrouve le soldat Vadim qui fait ce soir la Une des actualités : il vient de prendre une centaine d'otages dans un village près de Moscou et demande à négocier avec Pavel qui se retrouve ainsi embarqué malgré lui dans Une suite d'événements.
Le récit de Chevelev tient d'abord un juste équilibre entre comédie humoristique et thriller stressant (il est fait plusieurs fois référence à la tragédie de Beslan) mais devient de plus en plus sérieux quand il s'agit de nous raconter la trajectoire du soldat Vadim (un russe pas un tchétchène) balloté par l'Histoire et les guerres de son pays, humilié par les siens, victime d'injustices, réfugié chez l'ennemi et finalement devenu terroriste.
À travers le destin particulier du soldat Vadim, Chevelev tente de donner un petit éclairage sur le nouveau mal du XXI° siècle, le terrorisme individuel qui hante toute la planète, des cours d'écoles étasuniennes jusqu'aux montagnes d'Asie.
Ce bouquin est aussi une belle occasion d'un voyage dans la Russie d'aujourd'hui, d'illusions en désillusions, hantée par les guerres de ces dernières années (Tchétchénie, Ukraine, ... une intéressante révision d'Histoire contemporaine !).
Pour celles et ceux qui aiment les russes.