Ayant quitté pendant de longues années les librairies je suis totalement é à côté du phénomène FOENKINOS. J’ai pourtant eu vent du roman La délicatesse grâce au film éponyme, mais cela n’est guère allé plus loin. Pourtant aujourd’hui, alors que je me remet doucement dans la sphère littéraire, je tombe sur un état de Nouveautés où trône fièrement le nouveau roman de cet auteur. Le résumé me botte bien, je suis même carrément emballé pour être franche. Ni une ni deux, je m’emporte et l’achète. Aller hop, je me plonge sans gène dans sa lecture un soir tranquille au travail.
L’auteur a une façon très douce de raconter son histoire, on se détend, cela apaise presque du voir défiler les pages. Je pense qu’il s’agit là de l’effet très coupé des scènes, puisque le roman est sans cesse haché par des espaces, des petits blancs dans l’histoire. Ainsi on voyage en sautant d’un point du temps à un autre sans participer à tous les moments du quotidien. Honnêtement j’ai vraiment apprécié cette particularité, c’est un style, et c’est vraiment fun.
En revanche je me trouve déçue du roman en lui-même. Entendons-nous bien, si vous souhaitez avoir la surprise de l’histoire, ne lisez pas ce qui va suivre. Pour bien en parler, je vais devoir spoiler un peu. Navré. Au départ, on suit un ancien professeur des Beaux-Arts reconverti en gardien de musée. ionné d’Art il préfère le silence et le calme de la contemplation des œuvres du musée à une classe remplie d’élèves avides de connaissances. Façon personnelle de se retrouver, reconstruire une âme perdue et blessée par un vécu que nous ignorons. S’ensuit une petite romance, un univers très délicat en somme baigné par l’ivresse de la beauté de l’Art peint. Un peu plus loin dans le roman en revanche, c’est la laideur qui prend forme. Une fille fille agressée et perdue se voit détruire par ce qu’elle aimait le plus, la peinture. Au fil du roman leurs deux vies se croisent, puis c’est le drame.
Hors là quand on apprend pourquoi notre enseignant est parti, a changé de ville, d’emploi, laissé sa famille et amis derrière lui sans explication (enfin si, mais sur un mensonge), meurtri par une culpabilité étouffante, eh bien … j’ai trouvé ça nul. Sans trouver sa réaction puérile, je la trouve un peu surfaite. Cela me parait véritablement tiré par les cheveux car ridicule. On n’en vient pas à un tel drame pour ce dont il se sent coupable. A moins d’être hyper sensible ou parano, ça me semble exagéré. A l’inverse je trouve que l’auteur a lancé quelques petites pistes qui étaient prometteuses mais qui finissent à l’abandon. Ses remords auraient pus avoir tellement plus d’impact s’il avait voulu retrouver la jeune fille qu’il croise à un moment dans la rue puis dans un café pour s’exc de son geste (en écho avec le drame qui survient dans le roman) ou si le rapport élèves/professeurs était plus travaillé. Il manque pour moi un vrai travail sur le plan psychologique, le lien entre les actions ou événements relatés. Les deux protagonistes sont inextricablement raccordés, mais pas les autres alors qu’il y avait tout le potentiel de faire une broderie bien nouée et ficelée.
Le charme de la beauté opère, la délicatesse se cogne à l’horreur de la réalité, l’amour de la peinture révèle l’éclat de l’espoir et de l’optimisme en définitive mais il ne m’a pas convaincu plus que cela. Lecture agréable, mais certainement pas un coup de coeur ou un grand moment d’émotion. Mention spéciale pour LA scène dramatique qui est décrite sèchement et donc terriblement réaliste. Pas facile mais très bien raconté, on en a des frissons pour notre personnage …
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