Critique qui ne portera pas sur la performance de Callas, mais sur cet opéra de Bizet en général, en me basant sur la performance à laquelle j'ai assistée ce soir au théâtre national de Prague.
Carmen résume tout le rapport d'amour-haine que j'ai avec l'opéra. J'aime profondément cet art total, qui dépend de tant de variables que la grande fragilité de chaque performance, pour que l'illusion se fasse, le rend profondément émouvant. Mais pourquoi faut-il que les histoires d'amour donnent toujours l'impression d'avoir été écrites par un adolescent "tro dark" ? Le personnage de Mikaela est bien trop peu développé, le rival toréador est complètement univoque, l'intrigue est complétement incohérente (le suspense des marchandises à er en contrebande est complètement escamoté au profit des férias, et même le personnage de Don José ne donne pas vraiment l'impression d'un cheminement, sans qu'il s'agisse d'un beau fatum à l'antique qui suivrait son chemin , on a juste l'impression de voir un imbécile aller au bout de sa bêtise. Quant à Carmen, ce personnage central me fait beaucoup trop penser à l'image que se fait un gros banquier du Second Empire d'une femme fatale (oui, relisez Nana) pour que j'y trouve de l'inventivité.
Et pourtant, pourtant... Malgré ce contenu complètement affligeant, je suis transporté par les performances. L'artificialité du dispositif, paradoxalement, le sauve à mes yeux et me parle.