Lorsque "Waiting for the Man" déboule en 1967, alors que la planète Rock toute entière a basculé dans l’expérimentation tout azimut (de drogues psychédéliques, de musiques planantes et complexes, de discours politiques ambitieux visant ni plus ni moins à redéfinir le monde), c’est un choc. Limité en apparence (le succès est nul), mais incommensurable en fait, puisque Lou Reed et le Velvet vont tout simplement redéfinir le futur de la musique. Rythme binaire simplissime, orchestration radicalement dépouillée de toute joliesse, paroles ramenant les rêves artistiques au ras du bitume : il ne s’agit ici que d’attendre son dealer au coin de la rue pour acheter sa dose. La fascinante atrocité de "Waiting for the Man" ne nous lâche pas, quarante ans plus tard.