Pourquoi mon frère ? Parce que le chanteur avait précisément mon âge. Parce que celui-ci aurait pu être l'ami de n'importe qui au Québec tellement on s'y est attaché. Parce qu'il était différent. Mais une différence exactement comme celle qui fait de moi ce que je suis. Un pas pareil qui chantait les paroles écrites pour lui de manière si authentique et ressentie qu'il transmettait l'émotion directement dans le coeur...
Il s'en est allé, emporté par un cancer. Le même que mon père que j'aurais pu perdre aussi s'il avait été aussi foudroyant que le sien. Et ce qui m'attriste le plus avec ce départ est d'avoir cette impression étrange que les cowboys fringants avaient la même logique émotionnelle que moi. Combien de fois j'ai regardé les bouchons de circulation en me disant que l'on était simplement des fourmis programmées qui ne voient même plus le pourquoi de leurs agissements. Ma manière d'écrire repose aussi sur le réalisme gris qui forge le coeur des gens sensibles. Le chant arrivait toujours à se frayer un chemin et, sans pour autant faire pleurer, provoquait un remous au niveau des sentiments. Comme s'il s'adressait à moi personnellement tellement cette simplicité recherchée et mise en proses reflétait la réalité qui nous appartient...
Hier, en écoutant cette chanson dans ma voiture, j'ai pris un moment pour regarder le ciel( il faisait beau et doux pour une rare fois cet automne) et lui dire au revoir. Un peu comme je l'avais fait pour ma mère à son départ. Pour que je prenne la peine de le saluer de la sorte, il faut soit être un membre de ma famille, soit que je te respecte énormément. Et je crois pertinemment que ce Karl le mérite. Je me suis vraiment identifié à lui. Un géant sensible aux vocalises emplis de vrai, d'authenticité, de coeur. Et pour toutes ces raisons, je le remercie. Pour cet héritage musical. Pour ce paysage mélancolique. Pour l'oeuvre, simplement...
On se reverra de l'autre côté mon frère...
Repose en paix...