Basé sur un webcomic datant des années 2010, A Killer Paradox est un thriller policier un peu particulier et dérangeant, qui va nous entrainer dans les affres de la justice parallèle, thème au combien cher aux séries et films coréens. Forcement, pour ceux qui ont les références, çà fait tout de suite penser à ce que l'on a pu voir dans la série "Héroes" ou dans la Trilogie "Incassable" de Night Shyamalan. De nombreux éléments d'écriture y font référence. Quand la justice échoue et ne respecte pas les victimes, une main vengeresse guidée par une force extérieure ou un bon karma viendra t-elle terminer le travail, même si tout cela est réalisé de manière totalement immorale et outrancière?
Lee Tang(Choi Woo-Sik) est un étudiant raté qui travaille à temps partiel dans une supérette. Au détour d'une ruelle sombre, il se bat avec un homme le tue accidentellement. Terrifié, il s'avère que le mort est un tueur en série recherché depuis quatre ans. Mais une aveugle qui ait par là va le faire chanter. A partir de là, le bras vengeur de Lee Tang va se déployer, car il réalise qu'il a le don de reconnaître les personnes maléfiques qui ont échappé à la justice des hommes. Il devient rapidement un tueur en série, aidé dans ses œuvres par Roh Bin(Kim Yo-Han), un" geek" fan de Batman et de la série Heroes (comme par hasard), et qui couvre ses arrières. L'inspecteur Jang Nan-Gam (Son Suk-Ku) qui enquête sur ces séries de meurtres, va être conduit à soupçonner Lee Tang. Pendant ce temps, Song Chon(Lee Hee-Jun), un ancien détective devenu un meurtrier recherché, refait son apparition, étant aussi un "vengeur", mais avec des valeurs et des convictions complètements opposés à Lee Tang.
Le début est très prometteur et alléchant il faut le dire. Choi Woo-Sik est très crédible dans le rôle de ce jeune paumé, qui va enfiler les meurtres comme d'autres enfilent les perles. Et en plus comment ne pas s'attacher à lui, vu qu'il ne tue que ceux qui méritent la mort, souvent en légitime défense, même si çà peut sembler politiquement incorrect de dire çà. Le plus drôle dans l'histoire, c'est qu'il a vraiment un don, car lorsqu'il croise une mauvaise personne ou néfaste pour la société, une petite éruption cutanée fugace apparait sur son coup. Le rythme est bon du moins au début, et on sait pas où on veut nous entrainer. La série veut jouer sur 2 registres : la remise en cause de la justice qui ne fait pas son travail correctement, puis s’orienter vers un polar plus classique qui va perdre un peu de sa substance au fils des épisodes.
Par contre, je n'ai pas trop aimé le fait de scinder en deux l'intrigue, ca casse la fluidité du récit et ca infuse des éléments de scénario non pertinents: une partie consacrée exclusivement à Lee Tang et l'autre recentrée sur Song Chon, personnage lié directement au é de l'inspecteur Jang Nan-Gam. Et le fait de créer un Némésis à Tang (d'où le titre de la série) aurait été judicieux si la série avait comporté 14 ou 16 épisodes, parce que là on va prendre des raccourcis scénaristiques trop facilement amenés. Oui, le gros défaut du drama c'est qu'il est trop court, et qu'on ne peut pas exploiter à fond l' histoire. C'est assez frustrant, parce qu'à un moment çà part vraiment dans le grand n'importe quoi. Et qu’on arrête par pitié de faire jouer le rôle d’étudiant à des mecs qui ont la trentaine ée, çà devient presque une maladie en Corée, surtout que çà se voit.
Alors pourquoi au final çà reste plaisant à voir? Tout d'abord le quatuor d'acteurs fonctionne assez bien. Ils sont assez bien dirigés et la réalisation et la photo sont de qualité. Et le fait de mettre deux anti héros que tout oppose en place, est assez osé et original pour être souligné. Ils ont une conception de la justice qui diffère quant aux moyens employés et aux résultats obtenus. Le dernier épisode vient combler les lacunes et nous délivrer toutes les informations qui nous manquaient. Mais çà manque de rebondissements conséquents et de phase d'actions notables, justement à cause du format trop court. La série affiche de façon décomplexée son coté violent et irrévérencieux, donc ne soyez pas surpris. Par contre, j'ai été assez séduit par la scène finale, même si elle est facile, parce qu'on ne peut pas connaitre les réactions définitive de tous les protagonistes. Certains seront déçus par la tournure choisie et le destin qui attend logiquement notre héros, pas moi.
A Killer Paradox évite certains clichés et un certain manichéisme, mais tombe parfois dans des raccourcis faciles. Si on devait retenir un seule chose, c'est que à partir du moment où on franchit le Rubicon du meurtre, comment notre comportement va évoluer? La frontière entre le bien et le mal peut être faible, et personne n'est à l'abri de faire la bascule. On a souvent l'impression que la justice d’Etat en matière de droit pénal est souvent indulgente envers les forts, et impitoyable envers les faibles. A se demander si cela ne devient pas une fatalité que les victimes soient moins bien traitées que les bourreaux.
Dernière chose pour les traducteurs de Netflix, si vous ne savez pas reconnaître un chien d’une chienne(le labrador blanc), achetez vous un chien d'aveugle.
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