Copenhagen Cowboy est la nouvelle série démente de Nicolas Winding Refn : démente par sa puissance d'écriture visuelle, le scintillement graphique et la mélopée envoutante de ses plans, démente par la liberté extravagante donc hors-norme que prend le réalisateur Danois à l'intérieur de son récit, démente par la force d'invention et de transfiguration des emprunts que fait NWR à l'histoire du cinéma. Cette série tisse sans cesse des échos avec une mythologie cinématographique, que ce soient Lynch pour le plus prégnant( toute l'atmosphère et l'esthétique de la série lui rend hommage sans le défigurer ni le réduire), Brian de Palma pour certains inserts du costume d'Al Pacino dans "Scarface" ou même Léos Carax pour les tonalités et couleurs de l'héroïne " Miu" , jumelle contemporaine de la Juliette Binoche de " Mauvais sang". Et pourtant en dépit de ces fantômes et légendes présents et imbriqués dans le style Winding Refn, nous sommes au coeur de l'image-cinéma pure, au coeur de l'inédit et de l'inattendu, au coeur d'un geste d'auteur qui jouit de ce qu'il fabrique et expérimente des idées neuves presque à chaque scène. Il faut voir ces combats de mafieux chinois filmés en clair-obscur, il faut voir ce patron de la pègre chinoise avouer un mal de tête monter sur une table et décider de s'y allonger, il faut voir comment ça ne se décide pas avant, comment la lenteur des plans et la manière sophistiquée dont Refn étire ses scènes provoque un élan extatique. Il faut voir cette femme chinoise préparer un plat en l'assaisonnant de cendres, il faut goûter la suprématie des chromes et des lumières, respirer le dandysme du plan, s'y laisser vêtir. Il faut savoir oublier la pose ou l'extrême folie de la mise en scène et régresser ou se transgresser ailleurs là où se situe NWR dans l'extase mystique du cinéma.