Voici le quotidien classique d'un lycéen de 16 ans tout à fait classique dans une vie classique avec des parents classiques, dans un monde très classique d'un Japon classique :
"Bonjour, ma soeur, est-ce que je peux t'appeler ma soeur ?"
"Oui, tu peux m'appeler ma soeur. On ne devrait pas avoir peur d'appeler quelqu'un par sa position dans la famille."
"Hai. C'est exact. Tu veux que je te fasse à manger ?"
"Iie. C'est faux. Je vais m'en occuper."
"Hum... J'aime ta soupe miso. Et en plus, c'est riche en nutriments."
"Hai. C'est exact. C'est d'accord, je vais faire tous tes repas à partir de maintenant. Même les petits-déjeuners."
"Est-ce que tu veux jouer un peu ?"
"Je n'aime pas beaucoup jouer. Mais c'est bien parfois de faire des choses qu'on aime pas. Et surtout des choses qu'on a pas l'habitude de faire. Autrement, c'est triste de vivre sans pouvoir expérimenter tout ce qu'on peut faire."
"Hai. C'est exact. Jouer permet aussi de s'enfuir de la réalité et de prendre la place d'un personnage imaginaire dans un monde tout aussi imaginaire."
"Tu as l'air un peu triste."
"C'est normal. Je ne sais pas sourire. Les animateurs ne m'ont pas appris comment faire."
"Ok. Je comprends. Moi aussi."
"Et toi aussi, tu as l'air triste. Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Je vais maintenant te raconter toutes les pensées que j'ai en tête car il y a beaucoup de choses qui fourmillent dans mon esprit."
"Vas-y, tu peux tout me demander."
"Est-ce que tu aimes porter des vêtements de femme ?"
"Eh bien... Je ne sais pas quoi répondre."
"Désolé si c'est une question indiscrète mais comme on se connaît que depuis une heure, je me suis dit que c'était le bon moment pour la poser."
"Tu as bien fait. Il est vrai qu'il faut toujours poser ce genre de question. Surtout entre frère et soeur. Etre un frère, c'est difficile car tu es ma soeur, et je dois te protéger."
"Est-ce que tu veux coucher avec moi ?"
"Je crois que je suis ton frère et que je t'aime en tant que frère. Notre relation est particulière. Elle demande beaucoup de plans longs afin de se développer. Et aussi, un petit peu de visage plat et vide. Et des discussions qui ne veulent rien dire où on analyse tout comme des nerds débiles."
"Hai. C'est exact. Je suis ta soeur et à partir de maintenant, il faut que je me comporte comme ta soeur et que j'en parle avec tout le monde même si personne n'aborde le sujet. Il faudra que j'analyse tout avec eux et faire en sorte que toute la série tourne autour de ce concept qui vaut pas un pet de lapin."
"Tu es indécente à parler comme ça."
"Pardon. Je suis désolé."
"Je suis désolé aussi d'avoir dit ça."
"Non, je suis encore plus désolé."
"Ce n'est pas grave. Je me suis retenu de te gifler."
"Allons au lycée comme des lycéens classiques."
"Oui, tu as raison."
"Beaucoup de gamins me traitent de pute car je m'habille de manière distinguée. Je ne devrai pas leur en vouloir mais d'une certaine manière, je trouve ça injuste. J'espère que tu n'as pas cru que j'étais une pute."
"C'est une chose qui peut arriver à n'importe quelle fille après tout. Les rumeurs vont vite."
"Ah tiens, j'ai failli mourir écrasé par un camion. Je n'entendais rien, j'avais mes écouteurs sur les oreilles. C'est quelque chose qui peut arriver à n'importe qui. Heureusement que tu étais là pour me sauver."
"Hai, c'est exact. Je t'ai sauvé la vie le temps d'un geste. Maintenant, je dois te laisser. Je vais travailler comme tout lycéen de 16 ans."
"Travailler, c'est bien. Je ne vais pas t'accompagner, j'ai peur de te brusquer dans ton quotidien. Je te retrouverai à la maison où on pourra manger ensemble ce soir. Je prépare un oeuf au plat avec des accompagnements."
"Je vois... J'ai hâte de retourner de mon boulot. Un frère ne devrait pas rester trop longtemps éloigné de sa soeur."
"Ok. Une soeur peut aussi suivre un chemin tout à fait différent du frère et ne pas se revoir. Itterashai."
"Ittekimasu."
Pendant ce temps là, autour d'eux, des lycéens classiques vivent une vie normale. Ils sont heureux et profitent de la vie. Et encore plus important, ils ne philosophent pas.
Piano magique. Plan éthéré. Ville lumineuse fantomatique. Une goutte d'eau dans l'océan. Le monde soupire.
Piano dissonant. Ambiance Silent Hill. Monde déprimant et mort. C'est angoissant.
"Cher journal, je ne sais pas si nous sommes les films d'auteurs de l'animé mais en tout cas, nous ennuyons clairement le spectateur. La plupart ont fui en criant au secours. D'autres sont retournés vers les anciens démons des animés Ecchi. Et pourtant, certains nous acclament comme étant de la philosophie à l'état pur. Je me demande alors quoi faire aujourd'hui. Peut-être je vais continuer de garder un visage placide et mon balai dans le cul. Après tout, c'est une vie normale, chez une lycéenne normale. A la fin de l'animé, je vais continuer de philosopher avec une professeure sur le fait d'aimer quelqu'un qui est un frère alors qu'il pourrait être un amant. Un terrible dilemme à vrai dire qui remue les personnes en couche-culotte les plus sensibles..."