Dope Thief
6.3
Dope Thief

Série Apple TV+ (2025)

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Le « plus », ennemi du « mieux » ?

Difficile de ne pas espérer le meilleur (disons un autre « chef d’œuvre » à ajouter à la liste de plus en plus longue des grandes réussites de la maison Apple TV+ ?) si l’on considère l’histoire que raconte Dope Thief, sa distribution (Wagner Moura, acteur brésilien exceptionnel dont on ne compte plus les exploits, mais dont les téléspectateurs occidentaux n’auront pas oublié l’incarnation de Pablo Escobar dans Narcos ; Brian Tyree Henry, l’un des nouveaux acteurs afro-américains les plus subtils de ces dernières années ; Marin Ireland, solide interprète de seconds rôles gagnant de plus en plus de substance…)… et l’implication de Ridley Scott à la réalisation du premier épisode. Et pourtant, Dope Thief n’est finalement rien de plus qu’une autre « bonne série »… ce qui n’a rien de honteux, mais constitue quand même une sorte de déception, en l’occurrence.

Tirée d’un roman de Dennis Tafoya à la bonne réputation, Dope Thief raconte l'histoire, assez classique, de deux copains, Manny et Ray, petits malfrats (Wagner Moura et Brian Tyree Henry) qui ont trouvé une combine juteuse : ils se font er pour des agents de la DEA afin de racketter des petits trafiquants de drogue. Jusqu’au jour où ils s’attaquent à quelque chose (et quelqu’un) de bien trop gros pour eux, dans un « coup » qui tourne affreusement mal, ce qui va lancer à leurs trousses un cartel mené par un mystérieux chef à la voix terrifiante, mais également la police qui essaie de comprendre ce qui a bien pu se er. Et Manny et Ray vont voir leur monde s’écrouler très vite autour d’eux, alors que ce n’est pas seulement leurs vies qui sont en danger, mais également celles de tous ceux qu’ils aiment.

Ce genre de drame / thriller possède toutes les qualités pour plaire au plus grand nombre : des anti-héros sympathiques en diable, qu’on aime dès les premières scènes de la série en dépit de leur immoralité, des méchants redoutables, insaisissables, omniprésents, et évidemment sans pitié, des histoires de famille compliquées et de la romance impossible, des explosions de violence radicale, du suspense, du mystère, et assez de réalisme pour que l’on croit sans trop de peine à toute cette histoire.

Objectivement, chaque épisode ou presque délivre son lot de beaux moments émouvants et de scènes de tension et d’action, alors que Brian Tyree Henry et Marin Ireland crèvent tous deux l’écran en permanence (Moura a finalement un rôle un peu trop secondaire, qu’il gère bien, mais qui ne viendra pas placer Dope Thief parmi ses meilleures interprétations). Et la fin de l’histoire – en particulier l’avant-dernier épisode – est impressionnante. Et pourtant, on a du mal à s’enthousiasmer : quelque chose fait que la série semble traîner en longueur, que l’accumulation de péripéties, même les plus haletantes, donne une impression de délayage et de répétition de situations et d’états d’âmes des personnages, qui fatiguent, et qui nous détachent peu à peu de tout ça…

Finalement Dope Thief est un nouvel exemple d’un problème que l’on relève très souvent désormais, surtout dans des séries TV beaucoup plus ordinaires : ramenée dans un format de « film de cinéma », de deux heures quinze, deux heure trente, et mise en scène avec le savoir-faire d’un Ridley Scott, justement, Dope Thief aurait sans doute été un excellent film. Ou bien, si le cinéma en salles n’est plus aux USA un débouché valide pour ce genre de projet, ce qu'on comprend (malheureusement), pourquoi les producteurs outre-Atlantique n’adopteraient-ils pas le format, bien plus efficace, qui est celui de bien de séries TV britanniques : six épisodes de trente minutes ?

[Critique écrite en 2025]

https://www.benzinemag.net/2025/04/27/apple-tv-dope-thief-le-plus-ennemi-du-mieux/

7
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le 27 avr. 2025

Critique lue 59 fois

Eric BBYoda

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