Accompagné d’une flatteuse réputation de satire sociale irrévérencieuse, et d’une affiche intrigante « Douglas is cancelled », mini-série condensée s’aventure souvent sur des chemins inattendus.
Création de Steven Moffat scénariste consacré outre-manche pour ses efforts créatifs sur Docteur Who et Sherlock Holmes, mais un peu en perte de vitesse ces dernières années, la série décline son propos sur un rythme inégal, et souffre d’une réalisation quelque peu chaotique (c’est la première réalisation de Ben Palmer), jusqu’alors acteur méconnu.
Le pitch, pourtant porteur de belles promesses (le célèbre co-présentateur d’un talk- show d’un show tv d’information aux côtés de la jeune et populaire Madeline Crow (Karen Gillan), plongé dans la tourmente à la suite d’un tweet stigmatisant une blague sexiste lors d’un mariage) séduit, parce qu’il promet un humour décapant , confronte deux acteurs attendus, Hugh Bonneville (l’élégant Lord Grantham de Dowtown Abbey et Karen Gillan, flamboyante Nebula entre autres chez Marvel . Mais parfois les belles promesses n’ont qu’un éclat l’éphémère, et après avoir scintillé fugitivement, déclinent puis s’éteignent dans de bien amers regrets, laissant désemparés les optimistes les plus béats et les irateurs les plus fervents. Car dans les deux premiers épisodes désarmants et même « décharmants », Moffat recycle des concepts vieux de quelques dizaines d’années, distillant ça et là des gimmicks forcés, des transitions surannées, alternant généreusement les fameux plans de coupe des séries des années 80 et un modernisme déé depuis longtemps, notamment dans l’ébauche de personnages outranciers (la fille du journaliste révoltée bien-pensante) ou s’inscrivant dans la caricature pour les deux principaux protagonistes pour lesquels il est bien difficile d’éprouver un souffle empathique…
Bref il est à croire que l’expression série « B » fut inventé expressément pour éclairer la « cancelation » de Douglas ou plutôt de Moffat, jusqu’à ce qu’un inattendu troisième épisode transforme la fadaise en récit claustrant revisitant
avec un réalisme saisissant l’emprise malsaine exercée par un rédacteur en chef pervers sur une jeune journaliste prise au piège, lors d’un entretien d’ embauche » dans une chambre d’hôtel, à la manière de ceux menés par Weinstein.
Après cet épisode diablement évocateur, le quatrième et dernier épisode emprunte de nouveau des chemins plus classiques, surjoue un peu les (trop) nombreux effets de surprise , réinvestissant les gros plans à l’excès et une cinétique aux couleurs criardes, même si la révélation finale, inattendue, renvoie malicieusement
les personnages dos à dos, Douglas en journaliste faussement affable qui se souvient parfaitement de l’allusion ayant causé le charivari, mais coupable surtout d’avoir ignoré la jeune femme terrorisée aperçue dans la chambre d’hôtel et la rousse flamboyante qui a réussi à se soustraire au rédacteur en chef mais ne le dénonce pas pour préserver une carrière qu’elle imagine boostée par la révélation qu’elle vient de faire et celle qu’elle vient de taire