Pixar en série, jusqu'ici ça se limitait à des petites capsules de quelques minutes autour de figures connues : le chien de Là Haut, quelques personnages de vice-versa ou de Cars. Néanmoins, comme il faut remplir le catalogue de Disney +, la compagnie à été sommé de faire un projet de série plus ambitieuse. C'est ainsi que nait Gagné ou Perdu dont l'idée de base est assez simple : un même événement (ici une semaine entre deux matchs de baseball d'une petite équipe d'ados) vue à travers les yeux de 8 personnages différents, un par épisode de la série.
Bon, on va parler immédiatement de la polémique autour de la série : un de ces personnages était censé être trans, mais toute mention à son changement de genre a été effacé au dernier moment. Ce qui est d'autant plus stupide qu'à partir du moment où on le sait, on visualise très bien quel est le personnage trans. C'est un move assez nul, mais franchement, vu l'état de l'Amérique de Trump, je m'attendais à bien pire.
Mais ça serait chiant de bouder cette série pour ça... parce qu'elle est très bien. J'ai vraiment apprécié les différents personnages et Pixar garde son gimmick de "films qui parlent autant au parents qu'aux enfants" puisque le focus se fait tantôt sur les ados qui font partie du club de softball et tantôt sur les adultes qui les accompagne (aussi bien les parents que le coach ou l'arbitre.) Et ça m'a bien parlé : j'ai pas mal compris les angoisses ou les problèmes de ces jeunes (y compris le garçon tête à claque qui n'ose pas avouer ses faiblesses) mais j'ai aussi compris l'angoisse de ces adultes, y compris ces parents qui tentent d'être les meilleurs parents possibles mais n'y arrivent pas malgré toute leur bonne volonté.
Et c'est là que le coup du "même événement vu de différents points de vue" à la Rashomon fait ses preuves : avant l'épisode qui lui était consacré, je détestais profondément le personnage de Vanessa que je trouvais égoïste et m'a-tu-vu. Et puis est arrivé son épisode, où après 5 minutes j'ai fait "haaaaa, merde, j'avais vraiment tort. "
Y compris son addiction aux réseaux sociaux et aux vidéos TikTok. A première vue on avait l'impression qu'elle était ce genre de maman qui veulent devenir influenceuse et qui surjouent leur vie au détriment de leurs enfants. Mais non, elle communique avec des gens de son réseau social et ce sont eux qui lui permettent de tenir debout en lui donnant les encouragements qu'elle n'a pas en dehors d'internet. Et pour le coup, c'est une thématique que j'avais rarement vu : on souligne souvent le mauvais coté des réseaux sociaux, tout en oubliant que cela peut avoir des bons coté.
La série est intéressante pour son côté vraiment "prolétaire" et ordinaire : on a pas mal de parents célibataire, divorcés ou dont le revenu est modeste (c'est d'ailleurs l'enjeu d'un épisode) ce qui donne un côté encore plus réel à ces histoires. Bon, après il y a quand même des éléments loufoque (comme un gamin qui semble être shooté au soda ou un autre qui ne quitte jamais un costume de poulet géant.)
Graphiquement c'est super bien. Déjà, j'aime l'idée que depuis quelques années, ils aient décidés de s'éloigner du très formaté "style pixar" pour des personnages un peu plus rondouillard et au nez écrasé. On est loin de la caricature donné par les IAG que les mèmes ont parodiés il y a deux ans. La série étant basé sur le "réalisme magique" elle s'accompagne d'effets stylisés pour représenter les angoisses et la psychologie des personnages, parfois avec pas mal de jolis effets 2D/3D
Après, la série n'est pas exempte de défaut : il y a des personnages un peu cliché et il y a pas mal de facilité scénaristiques. Et le titre de la série est vraiment une arnaque ...
Vu qu'on ne saura jamais si l'équipe a vraiment gagné ou perdu. On ne saura jamais aussi si Rochelle a pu s'arranger pour payer sa cotisation dans l'équipe de Softball.
Mais oui, c'était une bonne série et si toutes les productions Pixar en séries sont de ce niveau, j'aurai pas trop d'inquiétude. Enfin, si Disney ne fait pas tout foirer encore une fois.