Dès le premier épisode, Hacks envoie du lourd : punchlines affûtées, ego malmenés, et un duo féminin aussi explosif qu’attachant. Imaginez un choc frontal entre une diva du stand-up sur le retour et une scénariste millennial en roue libre : ça fait des étincelles… mais aussi des étincelles d’émotion. Créée par Lucia Aniello, Paul W. Downs et Jen Statsky, la série réussit le pari de nous faire rire tout en nous touchant là où ça pique un peu.
Au centre du ring : Deborah Vance (l’impériale Jean Smart), comédienne de Vegas à la carrière vacillante, qui se voit contrainte de collaborer avec Ava Daniels (Hannah Einbinder), jeune autrice cancelisée avant l’heure. Si au départ on pense assister à une guerre froide version comedy club, leur tandem improbable se transforme peu à peu en bromance piquante, où les coups bas laissent parfois place à des câlins (verbaux, faut pas exagérer non plus).
Jean Smart vole littéralement la vedette, avec un mélange savoureux de cynisme, vulnérabilité et classe redoutable. On dirait une Meryl Streep qui aurait trop traîné au Caesar’s Palace. En face, Hannah Einbinder tient bon la barre avec un jeu plus subtil qu’il n’y paraît, rendant son personnage aussi agaçant que touchant — un exploit à saluer.
Mais Hacks, c’est aussi une réflexion mordante sur la célébrité, le sexisme dans le showbiz, et le fait que rester “tendance” à Hollywood après 50 ans, c’est un peu comme faire du stand-up sur une patinoire : faut être solide sur les appuis. La série aurait pu se contenter d’un clash générationnel cliché, mais elle creuse plus loin, interrogeant le sens de la réussite, la peur d’être oubliée, et la nécessité de se réinventer, encore et encore — comme une tournée de stand-up qui refuse de s’arrêter.
Côté esthétique, Las Vegas est parfaitement croqué : paillettes, néons, fontaines en plastique, le tout cachant une réalité bien plus fragile — un peu comme une robe à sequins qui dissimule un cœur en miettes.
Bref, avec ses dialogues ciselés, son humour acide et sa capacité à glisser une émotion sincère entre deux vannes bien senties, Hacks est un petit bijou de comédie dramatique mais avec des bonus pour chaque fois que Deborah Vance fait lever un sourcil avec plus de panache que la moyenne des Oscars.
À voir d’urgence. Et si possible, avec un micro à portée de main, au cas où l’envie vous prendrait d’improviser un stand-up existentiel.