Jean-Claude Van Damme est un acteur exceptionnel, peut-être unique dans toute l'histoire du cinéma. Oh, pas pour son talent - encore qu'il n'en est pas plus dépourvu que la moyenne des acteurs "lambda", et que le spectacle de ses performances physiques, même dans des films médiocres, est finalement des plus roboratifs... Non, JCVD est véritablement exceptionnel parce qu'il est le seul à être devenu un "méta-acteur", à inspirer des mises en abymes vertigineuses, à faire l'objet de très sérieuses thèses universitaires, à devenir un pur symbole sans même avoir besoin de mourir jeune pour ça.
"Jean-Claude Van Johnson" nous ionne forcément a priori, par son parti pris audacieux de fusionner tous les degrés de lecture et d'interprétation de l'oeuvre (si, si !), du personnage JCVD et de l'homme. Dans (ce qui devrait être) un fascinant jeu de miroirs infinis, voici un JCVD revenu de la maison de retraite, s'imposant dans une fiction le confrontant aux personnages de ses films és, à travers un nouveau rôle d'agent secret dans une réalité qui serait la nôtre si elle ne ressemblait pas autant à une Série Z (so what?)... Une série le faisant se heurter sans cesse à son propre é d'acteur et d'être humain en souf : souf sentimentale, ce qui justifie des scènes romantiques presque fleur bleue, souf existentielle surtout, qui devra être résolue de manière également stéréotypée par un pardon freudien accordé par l'enfant qu'il était. Et au milieu de ce foutoir qui a tout pour être réjouissant, quelques bastons fainéants, la faute à un esprit pastiche pas léger, léger, et à une forme physique de JCVD que l'on imagine fragile...
Moins de trois heures d'un film découpé en six épisodes... mais sans doute plus du double de ce qu'il aurait fallu pour rester du côté de la légèreté, de la fable philosophique. Pour ne pas tomber dans la parodie oiseuse et la caricature facile d'un cinéma d'action fauché (DTV...) qui n'a vraiment pas besoin qu'on se moque de lui.
On sort de là furieusement déçus par une occasion aussi bêtement gâchée, mais pas forcément surpris que la maison Amazon ne soit pas le meilleur berceau pour des oeuvres vraiment conceptuelles. On s'est fait pas mal suer durant ces 6 épisodes, il faut bien l'ettre, mais ce diable de JCVD nous est toujours aussi sympathique. Plus peut-être même...
[Critique écrite en 2018]
Critique publiée sur Benzine Magazine : https://www.benzinemag.net/2018/02/19/jean-claude-van-johnson-saison-puis-sen-va/