Une adaptation Marvel, une bonne...

...mais avec tout ce que cela peut impliquer :

Du côté des bonnes choses, d'abord un excellent spectacle et des scènes d'action de qualité, même si les gens se tapent dessus un peu tout le temps de la même manière. Au niveau dialogue et réalisation, un bon dosage de l'exposition, de l'humour, du pathos et des références qui rend le tout vraiment très digeste. Des personnages bien écrits tant qu'on reste dans le contexte d'une adaptation de comics, avec un effort sur la psychologie et une volonté de ne pas trop faire de manichéisme -- chose suffisamment rare pour la mentionner, j'ai même été assez surpris lors des derniers épisodes -- ce qui conduit naturellement à s'attacher aux personnages dont les caractères sont exagérés juste ce qu'il faut, gentils ou méchants.
Un autre élément qui m'a agréablement surpris, et qui était l'élément cohésif central de True Detective, c'est l'impression du lieu, de l'environnement comme entité unique à part entière. La ville de New York, comme l'était la Louisiane dans TD, se révèle vivante, belle, étrange, légèrement exagérée et stylisée elle aussi. Surtout dans les premiers épisodes. Certains plans sont très esthétiques et générateurs d'ambiance, ce qui contribue à donner cette impression de maturité.
Enfin, l'arc scénaristique est tout à fait correct, pas trop fantaisiste tout comme un Batman de Nolan, même si on en a fait le tour à la moitié de la saison.

Mais Marvel, même très bon, c'est aussi beaucoup de creux, littéralement et figurativement. Les épisodes sont inégalements prenants, certains forçant l'exposition en prenant des gros sabots. On voit alors ressortir la superficialité du contenu, par exemple la grandiloquence de certains dialogues inutiles dont on sent qu'ils sont directement ressortis de la bande dessinée, ces envolées lyriques de « phrases choc » que se doivent de prononcer certains personnages. Ou bien le déroulement très stérétoypé de l'histoire (plusieurs mini-boss puis boss de fin entrecoupés de flashbacks pour tenter de masquer sans succès la linéarité), et l'absence de cette noirceur dès que l'on gratte un peu la surface, de cette gravité que l'on croit déceler de prime abord. Il y a certes du sang et des coups mais on ne dée jamais le cadre de certaines B.D. pas franchement matures.
Côté technique, quelques ages en parkinson-cam un peu désagréables, quelques plans un peu plats mais rien d'horrible. Côté structure, une fin un peu rapide, syndrome classique où trop de choses se résolvent dans le dernier épisode. Un épisode de transition supplémentaire aurait été bienvenu, que ce soit pour la résolution de l'intrigue comme pour la transformation du héros en super-héros, qui arrive comme un cheveu sur la soupe.

Quoi qu'il en soit j'ai regardé cette première saison avec beaucoup de plaisir. Comme toujours dans les histoires de super-héros, le plus intéressant est l'ascension du personnage principal vers ce statut, son origine, son univers, ses erreurs et ses premiers combats, aussi il sera très difficile d'avoir une deuxième saison aussi intéressante (je fais partie de ceux qui trouvent The Dark Knight / Rises très peu intéressants par rapport à Batman Begins).

Mon plus gros regret sur l'ensemble de la saison et, d'une certaine manière, la preuve que la série a bien fonctionné sur moi :