Dans la droite lignée de Tom et Jerry et des dessins-animés produits par Olvier Jean-Marie, Oggy et les Cafards aligne à la vitesse de la lumière des gags d'humour absurde déjanté et de slapstick loufoque allant toujours dans les extrêmes les plus lointains. Là où Tom se prend un vase sur la tête, Oggy se mange un bus. Alors que Tom saccage le salon de la maison, Oggy le fait exploser. Là où l'un ne quitte pas le plancher, l'autre marche littéralement sur les murs avec des patins à roulettes à réaction. Et de la même manière que Les Zinzins de l'espace, Oggy use et abuse de sa recette sans aucune sobriété, enchaînant les comiques de situation les plus impensables tout en ne laissant jamais respirer son spectateur ; entre Oggy et Jack et les trois inables cafards, ou entre Bob et Olivia selon les épisodes, tout un bestiaire de personnages laids comme des poux et bêtes à manger du foin, force est de constater que malgré la vacuité de la formule que l'on constate dès les quinze premiers épisodes, jamais, au cours du visionnage d'Oggy et les cafards, on ne s'ennuie, tout aussi répétitif soit le dessin-animé.
L'on doit notamment ce tour de force à deux éléments majeurs :
- L'absence de paroles. Jamais une ligne de dialogue n'est prononcée, ou alors dans un babillage incompréhensible ; non seulement ce procédé favorise la variété des réactions des personnages afin de les rendre plus expressifs, mais il s'avère également un élément comique très prégnant dans l'ensemble de la série, d'autant plus lorsqu'il devient partie prenante du registre absurde afin de coller à l'ambiance générale.
- La critique du consumérisme. Car si la répétitivité des épisodes ne peut qu'être flagrante, le constat s'impose de lui-même : elle est, d'une certaine manière, nécessaire. Tout au long de la série, Joey, Marky et Dee-Dee vouent leur existence à mener la vie dure à Oggy qui, de par son style de vie confortable et hyper-matérialiste, s'impose comme un modèle caricatural de petit-bourgeois dispendieux. Chaque épisode expose un nouveau produit de consommation ou de divertissement que le trio d'insecte sabordera allègrement tout en vivant en marge du système non sans subtiliser le fruit de sa production ; il y a quelque chose de franchement révolutionnaire dans cette série.
Ainsi, malgré la formule particulièrement répétitive d'Oggy et les Cafards (soit le reproche revenant le plus souvent dans les nombreuses critiques que l'on peut trouver sur internet et ailleurs) et l'intérêt nul des deux dernières saisons qui ne s'avèrent que des versions remasterisées des deux premières, ne la blâmons pas pour si peu et accommodons-nous de la recette aussi longtemps qu'elle pourra nous faire rire.
[Dédicace spéciale à Ratdebibli]