Phénomène de la sphère otaku d’abord publié sur internet avant de trouver sa voie en version papier, One-Punch Man était l’un des mangas dont l’adaptation en animé était la plus demandée. Lors de son annonce, c’est le soulagement : c’est le studio Madhouse, probablement l’un des labels qualitatifs les plus prestigieux de la japanime, et l’animateur Shingo Natsume, ayant travaillé entre autres sur Full Metal Alchemist : Brotherhood et Space Dandy, qui s’en occuperont.
Aucune surprise donc, une fois devant le produit fini, de découvrir une animation de ce niveau. One-Punch Man est un plaisir à regarder ; énergique, dynamique, variant magnifiquement les styles d’animation, parvenant à s’inventer une forme d’humour visuel d’une inventivité sans cesse renouvelée. Difficile de renier le fait que le résultat est techniquement impeccable, probablement l’un des plus réussis de ces dernières années.
Mais pour er sa maestria graphique, faudrait-il encore avoir un fond un minimum engageant. En respectant fidèlement le manga, et en se permettant à l’occasion quelques modifications bienvenues, One-Punch Man en récupère les grandes qualités. Drôle, malin, plus profond qu’il n’y paraît quand il s’exerce, au-delà de la parodie de shonen, à la satire sociale, l’animé est un rendez-vous électrique ; qui à défaut de réellement surprendre, s’engage dans un registre excentrique à la croisée de Gintama et de Kick-Ass pour au final parler à merveille non seulement du genre auquel il rend un hommage insolent, mais aussi évoquer la question de l’héroïsme ordinaire, de sa négligence et du mécanisme de la routine.
La dramaturgie sarcastique et le développement inexistant des personnages devra sans doute s’aliéner une partie de son public potentiel. Mais derrière son rictus, One-Punch Man est une série d’une générosité sans limites : combats mis en scène à la perfection, récit rythmé et inventivité de chaque seconde. On ne s’ennuie pas un seul instant si on adhère à l’hystérie bien japonisante de la dernière réalisation de Madhouse.
Alors qu’on nous annonce une saison 2 à l’horizon 2017 – au plus tôt – nul doute que ces douze épisodes, suivis de quelques OAVs anecdotiques, sauront satisfaire les amateurs d’animés en quête d’un marginal arrogant, entre deux saisons de Gintama. Pour apprécier à son maximum One-Punch Man, il est préférable d’être un minimum initié – en se moquant ouvertement de Dragon Ball, One Piece et de bien autres maîtres étalons du standard shonen, la cible de ses vannes est clairement définie. Mais au-delà de ce relatif ésotérisme comique, difficile de faire la fine bouche devant un tel concentré infiniment ludique. À déguster sans modération.