Le couple parfait, interviewé au début du premier épisode pour un magasine, Johann et Marianne, est marié depuis 10 ans. Évidemment, avec soin, subtilité et en prenant son temps (ce que le format sériel permet), Bergman déconstruit peu à peu tout cela. Il s'agit vraiment de scènes, qui se ent parfois plusieurs années plus tard, et qui illustrent les relations ambiguës de ce couple moderne. En fait, c'est surtout Marianne qui se modernisé, et qui s'émancipe réellement avec ou sans (et surtout sans) son mari Johann. Puisque, oui, la vie étant ce qu'elle est, le couple accumule les disputes, l'illusion du couplé parfait se brise et des amants interviennent dans leur vie, si bien qu'ils se séparent géographiquement, puis officiellement, mais toujours dans ce va-et-vient du je t'aime encore, je ne t'aime plus (l'épisode si divorce est remarquable à ce sujet). La solution qu'ils trouvent pour pouvoir s'aimer tranquillement c'est, une fois leur vie refaite chacun de son côté, remariés mais pas heureux, de tisser une relation extraconjugale.
Le style de la série est très théâtral, ant par les dialogues dans des décors de plus en plus minimalistes. Sauf à la fin, où des séquences de silence et en extérieur donnent au couple le souffle nouveau dont il avait besoin. Cette fin qui élargit l'espace, libère le visage des acteurs, des gros plans qui les enfermaient, et ouvre le champ des possibles. C'est là qu'est la maîtrise de la mise en scène de Bergman. D'ailleurs le titre de ce dernier épisode, très vague, quelque part dans une cabane sur terre, alimente cette idée : d'un cas à part, on oscille vers une généralité, comme la fable qui, à la fin, donne lieu à une moralité.
Point de moralité chez Bergman, sinon la belle vue de l'île Faro qui conclue chaque épisode pendant qu'il récite son générique. Le dernier plan est-il un crépuscule ou une aube ?