Avec « voyage à deux » de Donen, « Scène de la vie conjugale » de Bergman reste sans doute le film ultime sur le thème du couple qui se délite. En faire un remake sous forme de minisérie était donc un pari risqué. La réussite est pourtant totale, bien au-delà des espérances. Rappelons tout de même qu’avant de devenir un long métrage, le film Bergman était lui aussi une minisérie qui connut un immense succès en suède. Largement autobiographie, l’auteur y mettait en scène de manière quasi impudique ses problèmes de couple d’alors. Autant dire que sa femme du moment, Liv Ullman, y jouait son propre rôle. Il n’y a pas ce genre de mise en abime ici, même si Hagai Levi, auteur de la formidable série « The affair » semble bien maitriser le sujet. Le fait que le récit se déroule dans une époque contemporaine nous rend également les personnages plus proches, il est donc plus facile de s’identifier à eux. L’homme est un professeur de faculté comme dans l’original, égocentrique et pétri de convictions, sur lesquelles s’ajoute une pointe d’éducation religieuse mal digérées. La femme est consultante dans une grande entreprise, indépendante, elle se révèle aussi inconstante que pragmatique, plus lucide aussi sur la durée. C’est par elle qu’arrive le bouleversement, tel un chien dans un jeu de quille, elle fait voler en éclat cette vie bien rangée en apparence. C’est à elle aussi que l’auteur donne le mot de la fin. Pour ce qui est du casting, ça envoie du lourd. Preuve que Jessica Chastain et Oscar Isaac sont largement sous exploités quand ils jouent dans des blockbusters. La mise en scène quant à elle, est d’une grande élégance tout en restant sobre. Hagai Levi essaie également de rééquilibrer les points de vue, chose qu’il avait parfaitement réussie dans « The affair ». C’est ce qui rend son œuvre aussi contemporaine, singulière et touchante, malgré son illustre modèle.