Bon, je ne vais pas vous raconter ma vie (ce qui veut dire que je vais le faire !), mais mon enfance, mon adolescence et mon âge adulte ont été portés par Mr Bean (j'ai apprécié bien après Black Adder, mais c'est une autre histoire !). Je serais incapable de donner une estimation, même approximative, de combien de fois j'ai éclaté de rire devant les divers sketchs vus, revus, rerevues et rererevues de cette série à travers ses nombreuses diffusions télévisées. Cela ait souvent le dimanche soir sur 3 dans la seconde moitié des années 1990. Ce qui signifiait pour moi un dernier petit moment de détente, allégeant un peu le stress d'aller à l'école le lendemain.
Oui, Rowan Atkinson fait inévitablement partie intégrante de mon existence. Et je pense que c'est le cas pour des millions et des millions d'autres personnes dans le monde. L’œil moins indulgent de l'adulte a conservé cette iration. Le comédien a un sens du timing, une gestuelle, une expressivité incroyables. Une tuerie pour les zygomatiques. Donc quand les algorithmes Netflix pendant le temps des vacances m'ont balancé sur leur page d'accueil ce Man vs. Bee, je n'ai pas pu résister.
C'est un sketch de Mr Bean (oui, celui dans lequel il tente de pique-niquer et qu'une abeille lui casse les couilles !) qui est étendu sur la durée d'une série de neuf épisodes. Chacun d'entre eux dure environ 10-15 minutes bien rythmées. Chacun se termine sur un cliffhanger ne donnant pas envie d'arrêter Netflix qui enchaîne automatiquement sur l'épisode suivant, sans vous demander votre avis.
Enfin, il y a un paramètre important (sur lequel je vais revenir longuement !) qui change dans tout cela par rapport à Mr Bean. Ici, Rowan Atkinson incarne un type gentil, père de famille affectueux, voulant sincèrement donner le meilleur de lui-même, sauf qu'il a tendance à être obsessionnel ainsi que d'une maladresse et d'une malchance effroyables. Tout ceci combiné avec un bourdon (oui, pour moi, c'est plus un bourdon qu'une abeille ou alors c'est une abeille obèse !) aussi têtu que gênant dans une résidence de luxe avec plein d'objets de valeur. Cela va faire du dégât évidemment.
Le talent d'Atkinson et son sens du timing sont encore ici irréprochables. Le numérique réussit à insuffler de l'"humanité" au bourdon, à faire ressentir quelquefois de la pitié pour lui. L'apothéose destructrice de la fin provoque des éclats de rire. Et il y a un retournement de situation à la fin bienvenu.
Reste que si je me marrais comme un dératé devant Mr Bean, c'est en partie pour une raison : ce débile profond est un sale connard. Il est égoïste, ne répondant qu'à ses envies. Il peut être méchant, cruel, sournois si un obstacle a le tort de se présenter entre lui et son but (il n'abandonne jamais et se montre même parfois très ingénieux pour parvenir à ses fins !). Et il se fiche complètement des conséquences que ses actions peuvent avoir sur autrui. Ce qui fait que quand des emmerdes méritées lui tombent sur la gueule, c'est hilarant. Là, avec le personnage de Man vs. Bee, j'ai eu de la peine pour lui, car on peut s'identifier, éprouver de l'empathie (alors que ce n'est pas du tout le cas pour Mr Bean ; ce dernier ne pensant pas un seul instant à adopter un comportement normal en société dans les situations les plus banales du quotidien, semblant venir même d'une autre planète !). Bref, le personnage de Man vs. Bee ne mérite pas son sort.
Autrement, les gags, trop annoncés ostensiblement par sa multitude de fusils de Tchekhov traînant dans le coin, ne sont pas vraiment imprévisibles pour la plupart. Mais, bon, si je disais que j'ai éprouvé le moindre déplaisir à visionner tout ceci, que l'ensemble n'est pas efficace tout en étant imparfait, je mentirais. En gros, je kiffe toujours Rowan Atkinson.