Sirens
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Sirens

Série Netflix (2025)

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Lore en folie, Lore aux yeux tremblants

A Bacharach il y avait une sorcière blonde, Qui laissait mourir d’amour tous les hommes à la ronde.

Ce poème de Guillaume Apollinaire, La Loreley m’est directement venu en tête lors de mon visionnage de la nouvelle série Netflix Sirens, semblant décrire le rôle attribué aux trois personnages principaux féminins interprétés par les talentueuses Julianne Moore, Meghann Fahy et Milly Alcock.


La série suit Devon, une jeune femme grungy à la situation familiale compliquée, qui s’en va chercher sa soeur Simone pour l’aider à gérer leur père atteint d’Alzheimer. Elle découvre alors que sa soeur travaille pour une femme riche de la haute-société, Kiki, et que celles-ci semblent entretenir une relation tout à fait étrange. Inquiète que sa soeur soit enrôlée dans une secte, Devon décide de « l’infiltrer » pour comprendre l’emprise que Kiki a sur elle et la sortir de là.


Vous pouvez de suite cesser d’attendre l’apparition de véritables sirènes, puisqu’il ne s’agit ici pas d’une histoire surnaturelle. Le mythe de la sirène est bel et bien présent, mais il sert de métaphore. Bien loin de la femme avec une queue de poisson, on parle ici bien du mythe de la sirène, cette « sorcière » ailée, qui leurre et envoute les marins grâce à son chant afin de les pousser à se noyer. Ce mythe est utilisé très intelligemment, servant à dénoncer une problématique sexiste, à savoir la tendance systémique que peuvent avoir les hommes à se déresponsabiliser et blâmer les femmes, ces manipulatrices, pour leurs mauvaises décisions. Les trois femmes en sont victimes tout au long de la série, au point où cela en devient grotesque.

La façon dont le personnage de Kiki est dépeint est assez intéressant, entre l'image de la reine de la société (tel que Victoria dans Revenge) et celle de la licorne envoutante (tel que Masha dans Nine Perfect Strangers). Ce personnage est, au début, difficile à cerner, mais au final il se dégage d'elle une authenticité touchante et rafraîchissante. Loin d'être simplement la femme d'un riche qui comble son vide intérieur par l'organisation de soirées mondaines, on aperçoit rapidement la complexité qui réside en elle. Son enfant intérieur se manifeste à de nombreuses reprises à travers son émerveillement pour les oiseaux, ses craintes infondées, son besoin de réconfort récurrent, ou son incapacité à gérer seule des choses très simples; on croirait voir une petite fille meurtrie cachée dans le corps d'une femme drapée de soie.

On assiste à une excellente représentation du traumatisme, des triggers ainsi que des mécanismes de défense que l’on peut développer pour ne pas avoir à gérer ou parler de ces traumas. Les deux soeurs ont vécu un événement chamboulant dans leur enfance, et il est très facile de s’identifier et de comprendre les dynamiques familiales que cet événement a entrainées, surtout par rapport à leur père. Tandis que Devon se sent responsable de son père comme elle se sentait responsable de sa soeur, Simone refuse catégoriquement de lui parler depuis plus d'une décennie. Les trois femmes sont donc intrinsèquement liées par leur é sombre et par le rôle que la société et les hommes de leurs vies leur ont attribué.


Au delà d’une histoire parfaitement maîtrisée et d’un jeu d’acteur/casting excellent, il y a quelque chose de très interessant dans l’ambiance visuelle de cette série, et notamment au niveau de la gestion de la lumière qui a tendance à s’assombrir lorsque l’histoire devient plus dark. Les décors sont absolument superbes et la musique très bien choisie. Les costumes très colorés, plein de cyan et d’un rose saumon affreux, appuient le côté kitsch et le ton satirique de la série.


En somme, cette série créée par Molly Smith Metzler (la créatrice de Maid) est une très bonne surprise féministe, en seulement cinq épisodes que j’ai dévorée en une soirée, et je reste à l’affut de ce que Molly Smith Metzler nous proposera à l’avenir!

7
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Créée

il y a 18 heures

Modifiée

il y a 17 heures

Critique lue 9 fois

Sara

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