Il ne faut jamais insulter l’Histoire

Snowdrop se déroule dans le contexte du Mouvement pour la démocratie de 1987, qui était un mouvement de protestation massif dans le but de forcer le gouvernement autoritaire de Corée du Sud à organiser des élections équitables. À la suite des protestations massives, des élections démocratiques auront lieu en décembre 1987, qui conduiront plus tard à la fin du régime autoritaire et à l'établissement d'un régime démocratique dans la Sixième République de Corée (fiche Wikipedia). Mais l’histoire en soi n’est vraiment qu’une fiction.

Le drama se déroule quasi intégralement dans le dortoir d’une université prestigieuse pour filles à Séoul.

Je suis très partagée sur ce drama.

Si vous ne l’avez pas vu (no spoil), je vais faire bref : ce drama est à voir pour Jung Hae-in, impérial, même si une partie de son personnage est tellement incroyable que je n’y ai jamais cru. Mais pas à voir pour Jisoo (de Blackpink) qui n’est actrice que dans sa tête et qui n’a qu’une seule expression dans les 16 épisodes : affligée (et moi aussi).

À voir pour le dortoir qui est un personnage à part entière : ce bâtiment est magnifique, la déco est impressionnante, son esthétique est une merveille, tout en bois et en vitraux, je ne sais pas s’il existe vraiment ou s’il a été construit pour les besoins du drama, mais ayant été interne au lycée, j’aurais tellement aimé que mon internat ressemble à ça !

À voir pour l’Histoire quand même, même si tout est romancé. On est plongés dans la fin des années 80 coréennes, et si vous êtes persuadé.e que la de 2022 est une dictature, je ne sais pas comment vous allez appeler le régime politique de l’époque.

À voir enfin pour la qualité de l’image et de la photographie, pour les scènes de combats et pour ce que savent faire les coréens : construire de bonnes histoires.

Maintenant, ⚠️⛔️ je vais spoiler.

Le premier épisode est très dynamique et installe les personnages féminins du dortoir, ses règles de vie, l’ambiance historique de l’époque. C’est pas mal fait, ça donne envie de voir la suite, même si le tout baigne dans une musique très Disney, genre parfois j’avais l’impression d’être dans un film de noël US, c’était limite pesant (et ça dure une bonne partie du drama).

Comme je l’ai dit plus haut, Jung Hae-in est impérial. Il n’a pas besoin de parler, tout est dans son regard. Il a littéralement des yeux de biche, toute la douceur du monde est concentrée dans ses yeux et toutes les émotions y ent. C’est bien justement le problème, car, dans la première partie du drama, il a le rôle du très bad-guy, c’est lui l’espion nord coréen sanguinaire en mission en Corée du Sud pour truquer les élections avec la complicité du parti corrompu en place, bref, c’est lui qui prend les étudiantes en otage, qui menace de faire exploser le bâtiment et qui braque son arme sans scrupule sur la tempe de la douce Jisoo (affligeante dans ce rôle) dont il est soit disant fou amoureux. On n’y croit pas une seconde. Je n’y ai jamais cru. Et ça dure plusieurs épisodes comme ça, où ce type à qui tu donnerais le bon dieu sans confession veut te faire croire qu’il est prêt à appuyer sur le bouton pour faire sauter tout le monde. Non mais de qui se moque t’on ? J’ai failli arrêter le drama pour retourner voir Something in the rain ou DP.

Mais j’ai continué et oui, effectivement, il ne fallait pas y croire parce que finalement les méchants sud coréens et les méchants flics antiterroristes du régime dictatorial (oui, ils sont méchants pour le peuple sud coréen) s‘allient pour combattre la Corée du Nord ET le gouvernement sud coréen. Ouf. Le faux méchant était vraiment gentil.

S’ensuit une seconde partie avec une série d‘aventures centrées sur l‘internat, assez ionnantes il faut bien l’ettre, le dortoir sautera ? Sautera pas ? avec son cortèges de politiciens véreux (3 couples d‘ambitieux/ses parvenu.es sans honte et sans scrupules, frôlant parfois le vaudeville mais assez jouissifs à suivre), avec des apparitions impromptues d‘espions nord coréens genre cellules dormantes quand on s’y attend le moins, bref avec toute la palette de surprises que les scénaristes ont pu trouver.

Le bémol, c’est que ça reste du Disney : zéro mort, sauf au début quelques espions NC que personne ne connaît et qui n’ont pas eu de chance. Sinon, tout au long du drama, on croit presque que la cruauté et l’intransigeance de l’espion du nord n’est qu’une légende, genre les équipiers de JHI, quand ils se rendent compte que leur chef abandonne, ils menacent à longueur de temps de lui faire payer sa trahison mais ne le font jamais, genre une romance entre 2 flics SC où la fliquette, pourtant badasse, se transforme en midinette et devient quasi hystérique quand on ose toucher à son amoureux, bref, du Disney un peu lourdingue… mais bon.

Quant à la polémique j’avoue que je l’ai découvert peu de temps après avoir vu le drama et j’ai trouvé effectivement que c’est un total manque de respect pour les victimes innocentes de cette partie très sombre et très dure de l’histoire coréenne. Avec le recul, je me rends compte que le traitement de la dictature et ce va-et-vient entre historique et vaudeville (entre 2 tortures à la baignoire c’est la franche rigolade) ça finit par être très malaisant. C’est dommage parce qu’il y a quand même de bons moments de scénario dans ce drama. Au final c’est un beau gâchis.