Pas une critique!
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Le principal défaut d’Ideon est son caractère très épisodique et répétitif. Les « extraterrestres » du Buff Clan (qui, biologiquement, sont identiques à des humains) ne cessent de lancer des attaques contre les pauvres humains de la planète « Logo Dau », qui, par chance, viennent d’extraire du sol des reliques mécaniques d’une ancienne civilisation ; reliques, qui, assemblées, forment un robot géant et manifestement presque indestructible. Les officiers du Buff Clan semblent avoir du mal à ettre la surpuissance de cette machine (et du vaisseau spatial qui la transporte), notamment car ils sont prêts à tout pour ne pas perdre la face au sein de leur société manifestement très militariste et organisée de manière féodale, avec des factions rivales. Cela les conduit à lancer de multiples assauts, à chaque fois légèrement plus puissants ou mieux organisés que le précédent, mais qui paraissent assez dérisoires, et surtout très répétitifs. Les scènes de combat sont ainsi probablement ce qu’il y a de plus pénible et ennuyeux dans la série, dont l’animation est d’ailleurs souvent oubliable : voir les avions de chasse ennemis lancer des trombes de lasers sur l’Ideon sans lui ca la moindre égratignure finit par devenir quelque peu lassant. Ce défaut se manifeste notamment dans les dix premiers épisodes, et, dans une moindre mesure, dans les dix suivants (qui contiennent tout de même de scènes très frappantes, comme dans l’épisode 14).
Cette construction très épisodique a toutefois des avantages. Les multiples assauts du Buff Clan donnent une impression d’urgence et de nervosité permanente. On comprend rapidement le nom de la série : chassés de la planète où ils avaient émigré, les protagonistes ne cessent de devoir échapper aux machines toujours plus perfectionnées du Buff Clan, et ne peuvent se poser sur la moindre planète sans en être immédiatement délogés. Il devient de plus en plus clair que les protagonistes ne pourront jamais retrouver de foyer, y compris auprès de leurs confrères terriens, avec lesquels chaque tentative de communication conduit à l’incompréhension ou à la tragédie. Il n’est manifestement pas non plus possible pour les terriens et les « extraterrestres » de se comprendre, bien qu’ils soient, en tant qu’espèces, très clairement similaires sur tous les points. Il y a, dans presque tous les épisodes, des scènes, parfois très fortes et émouvantes, qui soulignent la profonde solitude de ces personnages exilés.
Car les protagonistes eux-mêmes ne parviennent que difficilement à se comprendre entre eux. Ils sont très difficilement appréciables et, à quelques exceptions près, vraiment peu sympathiques au premier abord. La fermeture d’esprit qu’on peut attribuer au Buff Clan vaut également pour un certain nombre d’entre eux, et il faudra bien les 39 épisodes de la série (qui ont effectivement le mérite d’essayer de montrer diverses facettes de leur personnalité) pour parvenir à s’attacher à eux. Les divers antagonistes ne parviennent généralement pas davantage à se comprendre entre eux, et invoquent sans cesse un code d’honneur de samouraï qu’ils semblent appliquer avec une rigueur relative. Les officiers du Buff Clan que l’on verra se succéder sont d’ailleurs en nombre assez élevé (probablement trop élevé), mais la série cherche toujours à leur donner une personnalité distincte, bien qu’elle ne parvienne à une caractérisation satisfaisante que pour les trois principaux d’entre eux (Gije, Daram, et Harulu).
L’épisode 22 d’Ideon est un épisode récapitulatif. A partir de l’épisode 23, le rythme devient meilleur, une atmosphère pesante s’installe de plus en plus. Il devient manifeste que la série ne pourra pas bien se terminer, que les terriens qui en viennent à rencontrer l’Ideon sont tous en danger de mort, que l’entièreté du Buff Clan lui-même risque d’être exterminé dans sa lutte obstinée contre cette machine, et que les protagonistes ne trouveront jamais un moyen de vivre sereinement. A cette pesanteur de l’atmosphère s’ajoute une impression de mystère de plus en plus grand. La question de la nature de l’Ideon et de la force qui le propulse (« l’Ide ») n’est toujours traitée que de manière allusive et ambiguë, mais il devient de plus en plus clair qu’il ne s’agit pas d’une simple arme que les hommes pourraient utiliser comme bon leur semble, et que les personnages qui évoquent la possibilité qu’il s’agisse d’une force « altruiste » se font très vraisemblablement illusion. L’Ideon, dont le design est franchement curieux (et même déplaisant), apparait de plus en plus comme une créature monstrueuse, ce qui culmine dans quelques scènes assez effrayantes de l’épisode 36.
Les derniers épisodes de la série sont assez décevants. Le rythme n’est pas bon : le réalisateur ayant appris qu’il devait l’achever plus tôt que prévu, trop de choses se succèdent trop vite. On a parfois l’impression, en commençant un des derniers épisodes, d’en avoir manqué un ; les personnages semblent avoir, depuis la fin de l’épisode précédent, pris des décisions importantes sans le montrer au spectateur. Malgré cette précipitation, la série se permet quand même de perdre du temps à mettre en scène de nouveaux antagonistes mineurs. En regardant le dernier épisode pour la première fois, on a un sentiment de gâchis, car on ne voit tout simplement pas comment cet épisode peut conclure quoi que ce soit. La dernière minute (littéralement) de ce dernier épisode est chargée de fournir un véritablement dénouement : la conclusion est brutale, abstraite, et assume totalement de ne rien expliquer. Son caractère abrupt lui fournit dans un sens un certain charme, et s’accorde bien avec le caractère très ambigu de l’Ide dans la série télévisée. Mais le spectateur ne pourra pas ne pas la trouver insatisfaisante. Il lui reste alors (en sautant le film récapitulatif A ) à regarder le film Ideon – Be Invoked, véritable conclusion de la série, et qui reprend tout ce qui fait son intérêt, en échappant à ses défauts (caractère épisodique, animation plutôt mauvaise, explications beaucoup trop floues sur l’Ide).
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