Star Wars : Clone Wars
6.8
Star Wars : Clone Wars

Dessin animé (cartoons) Cartoon Network (2003)

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« I'm going to make you pay for what you've done ! » ANAKIN SKYWALKER

En 2002, Star Wars : Episode II – Attack of the Clones sort sur grand écran, marquant un tournant majeur dans la saga galactique. Ce second opus de la prélogie connaît un grand succès commercial et critique auprès des fans. Il introduit de nombreux éléments clés de l’univers Star Wars, notamment l’émergence de l’Armée des Clones commandée par la République galactique et l’escalade des tensions politiques qui mènent à l’inévitable guerre. C’est ainsi que débute la Guerre des Clones, un conflit intergalactique massif qui oppose la République aux Séparatistes dirigés par le Comte Dooku. Cette guerre, évoquée dans la trilogie originale comme un événement majeur du é, devient enfin visible à l’écran, promettant d’explorer les enjeux politiques, militaires et personnels qui transformeront profondément les personnages principaux, notamment Anakin Skywalker.

George Lucas souhaite approfondir l’univers et tisser un lien narratif cohérent entre cet épisode II et le futur épisode III a venir. Il envisage un projet intermédiaire. L’objectif est de combler l’espace narratif entre ces deux films, en montrant l’évolution des personnages et le déroulement du conflit galactique à travers un autre format. Il décide alors de développer une série d’animation qui servira de erelle entre les deux épisodes.

Genndy Tartakovsky est embauché pour donner vie à ce projet d’animation ambitieux. C’est un talentueux réalisateur et animateur reconnu pour ses œuvres novatrices comme Samurai Jack. Son style distinctif, caractérisé par une narration visuelle intense, des séquences d’action stylisées et un rythme soutenu, semble parfaitement adapté à l’univers de Star Wars. Tartakovsky va proposer un format original : des épisodes très courts, durant généralement entre deux et cinq minutes, mais extrêmement dynamiques et narrativement denses. Il va aussi imposer sa vision artistique à travers une animation en 2D fluide, crayonnée, des designs audacieux et une mise en scène cinématographique.

En 2003, Star Wars : Clone Wars fait ses débuts à la télévision, sur la chaîne américaine Cartoon Network.

Visuellement, la série porte incontestablement la marque de Genndy Tartakovsky. Son style graphique est immédiatement reconnaissable : des traits anguleux, des formes stylisées et des compositions marquées par des lignes droites et des contours affirmés, souvent dessinés comme au crayon. Cette esthétique minimaliste mais expressive crée une ambiance à la fois brute et élégante, parfaitement en phase avec l’univers de Star Wars, qui mêle science-fiction, mythe et tragédie. L’animation est fluide, dynamique, et chaque plan semble réfléchi comme une illustration cinématographique. Loin de trahir l’identité visuelle de la saga, Tartakovsky réussit l’exploit de lui apporter une nouvelle dimension graphique tout en respectant son ADN.

Les deux premières saisons se distinguent par un format inhabituel : des épisodes très courts, souvent de moins de cinq minutes, à l’exception du pilote. Ce choix de durée, loin d’être une contrainte, devient une force. La narration y est ultra-efficace, dénuée de toute lourdeur. L’intrigue va droit au but, chaque séquence ayant un objectif clair et un impact immédiat. Ces mini-épisodes fonctionnent comme des pastilles d’action et de tension, où chaque seconde compte. Ils parviennent à raconter des histoires complètes, parfois épiques ou parfois intimes, en un laps de temps très réduit. Cela renforce le rythme général de la série, rendant chaque moment captivant et sans temps mort. L’expérience de visionnage est intense, addictive et particulièrement bien adaptée à la télévision.

L’un des choix artistiques les plus forts de la série réside dans sa quasi-absence de dialogues. Et cette décision est pleinement justifiée. Tartakovsky mise sur la puissance du langage visuel : les expressions des personnages, leurs gestes, la mise en scène et la musique suffisent à transmettre l’émotion, la tension et les enjeux. Chaque action, chaque regard, chaque mouvement est soigneusement chorégraphié pour raconter une histoire. Cela permet une immersion totale, presque sensorielle, où le spectateur n’est pas guidé par les mots mais par l’image.

La série introduit également deux personnages devenus emblématiques du lore de Star Wars : Asajj Ventress et le général Grievous. Leur introduction est d’une efficacité redoutable. Dès leurs premières apparitions, ils sont présentés comme des antagonistes redoutables, mystérieux et puissants. Ventress, sombre acolyte du Côté Obscur, séduit par sa froideur, son charisme et sa maîtrise du sabre. Quant à Grievous, il apparaît tel un véritable monstre mécanique, impitoyable et terrifiant, capable d’affronter plusieurs Jedi à lui seul. Rarement des personnages ont été introduits avec autant d’impact. Ils ne sont pas seulement des adversaires : ce sont des menaces crédibles, mémorables, qui marquent durablement l’univers étendu.

Au cœur de cette fresque guerrière se trouve bien évidemment Anakin Skywalker. La série suit de près son parcours, ses missions, ses doutes et ses victoires. Elle approfondit son évolution psychologique, notamment sa lente mais inexorable dérive vers le Côté Obscur. À travers les batailles, les décisions difficiles et les manipulations subtiles qui l’entourent, on perçoit les failles qui le rongent peu à peu. Le spectateur assiste à la construction de Dark Vador par fragments : les traumatismes de la guerre, l’égo grandissant d’Anakin, son besoin de reconnaissance… Tout est en place. La série réussit ainsi à enrichir son arc narratif avec nuance et intensité, en montrant comment l’environnement et les choix individuels peuvent précipiter la chute d’un héros.

La troisième saison marque un tournant dans la structure de la série. Les épisodes deviennent plus longs (environ quinze minutes) et s’éloignent du format court et percutant des premières saisons. Cette extension permet certes de développer davantage certains arcs narratifs, mais elle s’accompagne aussi d’une narration plus bavarde et parfois moins percutante. Le rythme en pâtit quelque peu, et l’aspect expérimental et visuel du début laisse place à une structure plus classique. Cela n’empêche pas la saison d’être de qualité, notamment grâce à des moments forts et des scènes mémorables. Toutefois, elle perd une partie de l’originalité qui faisait la force et la fraîcheur des débuts.

Star Wars : Clone Wars de Genndy Tartakovsky est bien plus qu’une simple série dérivée : c’est une œuvre à part entière, audacieuse, inventive et marquante. En choisissant un style graphique affirmé, un format court et une narration presque muette, Tartakovsky parvient à capturer l’essence de Star Wars tout en imposant sa vision artistique. La série enrichit l’univers galactique, introduit des personnages emblématiques, approfondit des figures majeures comme Anakin, et offre des séquences d’action inoubliables. Bien que la dernière saison atténue un peu la radicalité du projet, la série reste un joyau d’animation, célébré autant par les fans que par les critiques.

8
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le 13 mai 2025

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Steven Benard

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