Au moment où surgissait sur les écrans le film "Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile", consacré au serial killer Ted Bundy - avec Zac Efron dans le rôle principal - j'ai préféré opter pour la série documentaire du même Joe Berlinger, pour tenter de comprendre un peu mieux la psychologie de l'un des sociopathes américains les plus célèbres - et plus meurtriers (au minimum une trentaine de victimes).
Ce qui fascine particulièrement chez Bundy, c'est sa différence apparente avec une majorité de ses congénères, souvent des brutes épaisses, frustes intellectuellement, isolés socialement, et en échec dans leur relation avec les femmes.
Avec son physique avenant, son diplôme de psychologie et ses conquêtes féminines, Bundy représente le type inverse, ce qui perturbe encore plus à l'heure de cerner ses motivations.
Le docu s'appuie sur les enregistrements audio effectués par un journaliste durant la captivité de Bundy, qui finit par se raconter, décrivant ses propre tourments intérieurs, certes à la troisième personne, et avec toutes les réserves liées à son goût immodéré pour la manipulation.
Néanmoins, la série diffusée sur Netflix se révèle éclairante, et après visionnage j'ai l'impression de mieux cerner le personnage, une sorte d'imposteur social, dont les caractéristiques "positives" (ses diplômes, ses relations dans la sphère politique locale…) ont tout de la carapace fragile, destinée à camoufler une personnalité extrêmement perturbée dès le départ, entre angoisse chronique, paranoïa, mégalomanie et haine des femmes.
J'ai donc suivi les 3 premiers épisodes de "Conversation with a Killer : the Ted Bundy Tapes" avec un véritable intérêt, découvrant certains aspects qui m'étaient totalement inconnus (les évasions de Bundy, par exemple).
En revanche, le quatrième et ultime épisode, consacré au procès puis à l'exécution, m'aura nettement moins captivé, voire ennuyé. C'est paradoxal, sans doute lié à l'aspect purement factuel de cette dernière partie, mais ça me laisse sur une impression mitigée.
Dommage, car les trois premières heures constituent un documentaire sérieux et fascinant, riche de nombreuses images d'archives, qui raconte en creux l'histoire d'une époque, celle des années 70 dans l'Amérique urbaine.