J'ai longtemps hésité entre 8 et 9, mais finalement, ce sera 8. Bref, j'ai beaucoup aimé, mais quelques petites choses m'ont néanmoins tiré des "mais là, on exagère un peu..." qui baissent (légèrement!) la note finale.
Autant commencer par ce qui m'a dérangé. Alors, c'est vrai, l'histoire est supposée se er dans une Corée imaginaire, ce qui permet en théorie des folies scénaristiques. Mais j'ai tout de même eu un peu de mal à accrocher à cette forme d'emphase tonitruante qui caractérise de nombreux ages. Et vas-y que je hurle à la mort avec une voix de discours politique du 1er mai ! Certes, je sais que c'est fait exprès. J'ai même le sentiments qu'on a voulu copier le style de certains prêcheurs religieux de groupes religieux fondamentalistes (voir aussi la tenue des juges...). Mais néanmoins, j'ai vraiment eu du mal à trouver cela able.
Ce point évacué, le reste du drama est par contre remarquable. A commencer par l'histoire.
On est dans une Corée qui a élu un acteur à sa tête. Jusque là, on a des précédents, mais ça reste assez rares (Reagan, Zelensky). Cependant, qui dirige vraiment le pays? Le président ou ceux qui ont l'argent, comme cette mystérieuse fondation sensée promouvoir le progrès social ?
Mais tout commence par la création d'un tribunal façon TV réalité. Un juge charismatique, joué par l'excellent Ji Seong, préside des procès en direct TV et promet de suivre l'avis du public pour établir un jugement. Seulement, ce juge en question a visiblement accepté le job pour servir une vengeance personnelle, et il est prêt à tricher et à manipuler les procès pour y arriver. Les motifs de cette vengeance vont apparaître assez rapidement, mais ce qui fait vraiment l'intérêt de la série, c'est de voir petit à petit tout le plan qu'il aura préparé pour atteindre son objectif. Évidemment, ceux dont il veut se venger ont aussi des ressources pour se défendre et contre-attaquer férocement. Quant à savoir qui manipule qui, qui a le plus de coups d'avance dans cette partie d'échec diabolique, on n'est pas au bout de ses surprises jusqu'à la fin. A ce point de vue, on a une intrigue et un suspense savamment étudiés, c'est du grand art.
Notons également qu'il y a des aspects de fable prémonitoire dans ce drama. Le président de la "vraie" Corée, au moment de rédiger cet avis, est accusé d'avoir voulu instaurer la loi martiale de manière abusive, et il est aussi question de cela dans la série, pourtant tournée bien avant ces événements. On décrit aussi bien la mécanique utilisée avec force par les gouvernants sans scrupules pour faire d'une crise une opportunité, pour transformer le plomb en or. Toute ressemblance avec des dirigeants connus n'est sans doute pas fortuite. La série est quasi un mode d'emploi pour décrire comment, une fois arrivé au pouvoir, on pourrait transformer celui-ci en dictature avec l'assentiment, ou du moins, l'indifférence du peuple.
Du côté du casting, c'est très réussi également. Ji Seong est parfait dans le rôle du juge qui écrase tout sur son age. Park Jin-young est très bien en juge assistant tiraillé entre des sentiments contradictoires. Park Gyu-young, actrice délicate qui joue ici l'amie-amoureuse, mais aussi policière méfiante, m'a aussi convaincu dans ce rôle. Et du côté des méchants, j'ai beaucoup apprécié Kim Min-jung, qui joue avec finesse un personnage retors, tout en étant néanmoins troublée par des sentiments plus humains qu'elle le voudrait. Enfin, il y a aussi Jang Young-nam, dont j'adore chacune des apparitions dans une série. C'est sans toute parce que je l'aime beaucoup que je préfère quand cette dernière joue un personnage positif.
En conclusion, sans cette emphase agaçante par moment, mais qui vous ne vous dérangera peut-être pas, la série est vraiment ionnante et bien jouée.