Ni plus ni moins qu'une adaptation fidèle du jeu vidéo, qui était déjà totalement cinématographique dans sa narration. La série puise sans vergogne dans le riche potentiel émotionnel offert par les personnages. Mais oublie de trahir l'œuvre originale pour tirer davantage parti des spécificités du médium. Quelques timides tentatives dans la saison 1, vite balayées dans la saison 2. Rien de convainquant.
La force invincible du soft de Naughty Dogs était dans son level design : exemplaire dans sa façon de suggérer les chemins à prendre, dans leurs embranchements multiples, sans jamais briser l'immersion environnementale. Bon, à la télé, ça devient de simples décors. Jolis, reproduits à la carrosserie cramée près, mais purement illustratifs.
Plus grave, la profondeur philosophique du jeu video est sérieusement rabotée dans son adaptation. Parce qu'on n'a pas le temps. Rien ne peut égaler des dizaines d'heures ées à épo un point de vue, fréquenter un visage, une voix, un corps dans toutes ses actions et déplacements, en termes d'identification. Le choc est d'autant plus grand quand il faut poser un autre regard sur ce personnage avec lequel on n'a fait qu'un. La série ne peut pas rivaliser. Il aurait fallu qu'elle se place sur un autre terrain, pour mieux transmettre l'ambivalence idéologique d'une soif de vengeance vouée à l'ime.
Je ne le regretterai pas, mais la série est également plus aseptisée. La violence du jeu était proprement irregardable, les écrans de Game Over sont ce que j'ai vu de plus dégueu dans toute ma carrière de gamer. On remplace ça par une tension à la Dany Boyle et le tour est joué : de l'efficacité à peu de frais, divertissante et sans risque.