Pour vivre heureux, vivons cachés

Oui mais non...

Réalisé par Ahn Pan Seok (Secret Love Affair, Something in the Rain, One Spring Night), ce drama porte sa signature dès les premières minutes : des scènes nocturnes baignées de lumière froide, une caméra discrète qui capte l’infime, une mise en scène ralentie, presque contemplative. Et comme souvent avec lui : attention, combustion lente.

C’est une noona romance comme il sait les faire, avec une différence d’âge visible et assumée. Jun Ho (Wi Ha Joon) est solaire, ambitieux, décidé. Il n’a pas peur de prendre des risques.

Mais contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, la série ne se résume pas seulement à une romance. Elle interroge aussi sur le sens de l’enseignement, de la vocation. Hye Jin (Jung Ryeo Won), enseignante respectée dans un hagwon de Gangnam, incarne cette figure du professeur qui donne tout à ses élèves. Une femme épuisée, usée par des années de luttes pour se faire respecter. Ce qui rallume la flamme chez Hye Jin, ce n’est pas seulement le retour de Jun Ho, mais aussi leur projet de tutorat avec Si Woo, un élève en difficulté. C’est là qu’elle redécouvre la joie d’enseigner, le sentiment d’être utile. Ce n’est pas une romance au sens classique : c’est une ode au romantisme de l’enseignement, un peu comme dans Dr. Romantic. Transmettre, faire grandir : c’est aussi une forme d’amour.

Le retour de Lee Jun Ho (Wi Ha Joon), ancien élève qu’elle a aidé à intégrer une prestigieuse université, bouleverse son quotidien. Il revient comme instructeur dans le même hagwon, après avoir quitté une grande entreprise. Il dégage une joie de vivre, une insouciance, une ténacité… et un amour tenace pour son premier amour.

Comme souvent, la romance ne se limite pas au couple principal. Une seconde intrigue amoureuse se tisse entre la discrète et loyale Nam Cheong Mi (So Joo-yeon) et Choi Seung Gyu (Shin Joo-hyup), agréable et mature, même si elle ne laisse pas un souvenir impérissable.

En revanche, le scénario manque de consistance. Le hagwon, pourtant cadre riche, reste sous-exploité. On perçoit les pressions du système éducatif coréen, mais les interactions profs/élèves sont rares. On aurait aimé plus de tension générationnelle, de confrontation pédagogique. À la place, une guerre froide entre adultes, parfois mesquins, parfois pathétiques.

Le rythme, lent, devient pesant. Certaines scènes gagneraient en intensité si elles étaient allégées de quelques secondes. Le drama s’étire, au point d’étouffer parfois ses propres émotions.

Quant au final : abandonner l’enseignement pour reprendre des études de droit ? Ce revirement manque de logique narrative et psychologique. Une sortie plus cohérente aurait été que Hye Jin crée un nouveau hagwon, fidèle à sa vocation.

Côté interprétation, Jung Ryeo Won est parfaite en femme forte et fatiguée. Wi Ha Joon, dans un registre plus doux que d’habitude, brille par son sourire et la sincérité de son jeu. L’alchimie entre les deux fonctionne à merveille.

On retrouve les thèmes chers à Ahn Pan Seok : les romances contrariées, les femmes fortes confrontées aux dilemmes sociaux, la critique feutrée d’une société conservatrice. Mais ici, il semble trop dans la retenue. L’émotion affleure sans jamais exploser. L’esthétique est léchée, mais souvent figée. Et la narration, trop diluée, finit par émousser la portée du propos.

Romance de minuit in Hagwon n’est pas une romance classique. C’est une méditation douce-amère sur le sens de l’enseignement, les choix de vie, et les compromis qu’ils imposent. Dommage que la lenteur et une fin bancale viennent ternir une série qui brille par son humanité et son esthétique feutrée.

Et je retiens le sourire de Wi Ha Joon, dans un rôle où on ne l’attendait pas.