Il y a des séries qui brillent par leur audace, et d’autres qui se contentent de suivre les traces des succès és. The Tomorrow People (CW, 2013) appartient hélas à la seconde catégorie. Reboot d'une série britannique culte des années 70, elle se présente comme une fresque de science-fiction contemporaine. Mais derrière ses ambitions affichées, elle n’offre qu’un enrobage tiède, recyclé et sans relief.
Tout était là pour captiver : des adolescents dotés de pouvoirs télékinésiques, télépathiques et capables de téléportation, luttant contre une organisation qui veut les éradiquer. Un terrain idéal pour explorer les tensions entre différence et norme, pouvoir et contrôle, identité et liberté. Mais au lieu d’approfondir ces enjeux, la série préfère jouer la carte du déjà-vu.
Les intrigues s'enchaînent avec une prévisibilité désarmante. Le scénario semble coché à la chaîne, comme s’il était dicté par un cahier des charges de série pour ados : triangle amoureux obligatoire, trahisons sans consistance, cliffhangers fabriqués à la chaîne. Résultat : le spectateur anticipe, s’ennuie, décroche.
Stephen, censé incarner le héros tiraillé entre deux mondes, n’est guère plus qu’un archétype ambulant. Il veut “faire le bien” mais ne pose jamais de véritables choix complexes. Les autres protagonistes, bien qu’interprétés avec une certaine sincérité, peinent à déer leurs fonctions narratives. Le charisme de certains acteurs, notamment Luke Mitchell (John), sauve quelques scènes, mais ne suffit pas à injecter l’intensité émotionnelle que le récit exige.
Techniquement, The Tomorrow People est propre. Trop propre, même. Les effets spéciaux sont honorables, la mise en scène correcte, le rythme soutenu. Mais tout cela sonne artificiel, comme une belle vitrine sans magasin derrière. Il manque une vision, une patte, quelque chose qui dée la simple envie d’être “regardable”.
Le plus frustrant, c’est ce qu’on devine en creux : une mythologie qui aurait pu être ionnante, des questions morales non posées, une réflexion sur l’évolution humaine à peine effleurée. Le potentiel était là, palpable. Mais la série semble fuir toute complexité dès qu’elle en entrevoit une.
Ma note de 5/10 est presque généreuse, car elle récompense ce que la série aurait pu être. En l’état, elle n’est ni un désastre total, ni un rendez-vous réussi. Elle se noie dans la masse, sans jamais provoquer d’émotion forte ni d’engagement profond. Un divertissement de fond, qu’on regarde d’un œil distrait et qu’on oublie sitôt terminé.