Précaution initiale : Je n'ai vu et ne connais que la saison 1 de True Detective pour l'instant, et c'est bien de celle là dont je vais parler dans cette critique. Je me réserve pour plus tard (lorsque j'en aurai le temps) une vision de la saison 2 pour la confronter à mon avis sur la saison 1.
La saison 1 donc. Waouh ! Je m'apprête à développer, ne vous inquiétez pas, mais bon en un mot quand même : Waouh ! Dense, puissant, élégant et mélancolique, les adjectifs ne manquent pas pour décrire cette histoire policière se déroulant en plusieurs champs chronologiques des années 90 aux années 2000-10 en Louisiane et dans l'Amérique reculée.
L'histoire est celle d'une enquête policière à cheval sur une décennie entière et dans un exemple parfait de cette Amérique " profonde ", républicaine et dévote par nature, puritaine et violente à la fois, au travers des yeux de plus en plus lessivés et hagards des enquêteurs. L'enquête se base sur le meurtre ritualisé d'une jeune femme, qui va faire écho à des histoires précédentes et à venir pour nos deux héros. " Héros " ici incarnés au sens d'anti-héros, tant les personnages d'enquêteurs sont soumis au contraste.
Les comédiens déjà : Habités. Creusant excellemment bien le sillon de leurs personnages complexes, bourrés de défauts, charismatiques ; et portants si bien au fur et à mesure de leurs interprétations, sur le cours de la décennie que ces personnages traversent, le poids de leur déchéance apparente. Matthew McConaughey est sensationnel : Il donne à son personnage une profondeur et une tristesse folle. Il a l'air détaché, cynique, semble se désincarner par dégoût de l'humain. Épisode après épisode, les raisons de la fêlure, et les possibilités d'en ressentir la sensibilité affleurent, avec un savant dosage jusqu'à la scène finale, monument de séquence poétique et touchante.
Le personnage de Woody Harrelson lui, semble plus accessible initialement à travers son interprétation, plus à même d'attirer l'empathie du spectateur par son caractère plus simple, plus jovial, moins cynique. En vérité, au long des épisodes il chute dans sa vie personnelle, en proie à une addiction au sexe qui va briser son foyer familial et démontre la qualité d'écriture qui parvient à retranscrire si bien le déclin moral et physique de ses personnages dans les limbes de l'affaire.
La réalisation, la photographie, la musique, et les ambiances, très léchées, sont le signe d'une réalisation virtuose, qui s'accorde le luxe de pouvoir être lente et longue sans provoquer l'ennui, pour emmener le public vers de soudaines ruptures de ton techniquement qui n'ont rien à envier pour une série à un format long-métrage de cinéma (plan séquence de clôture de l'épisode 4, et confrontation finale avec l'homme spaghetti en tête).
On reste longtemps touchés et imbibés par les fragrances mélancoliques de True Detective. Cette saison 1 restera comme une saison culte pour tous ceux qui s'en approcheront...