Parfois, une série tente d’être subversive, originale ou même touchante, mais finit par se perdre dans son propre concept. Unsupervised, diffusée sur FX en 2012, est précisément de cette trempe : une promesse de comédie sociale grinçante qui accouche d’un vide scénaristique aussi frustrant qu’ennuyeux. Avec une note personnelle de 3.5/10, c’est moins un rejet catégorique qu’un constat désolé : cette série avait du potentiel, mais s’enlise dans la mollesse.
Suivre deux ados livrés à eux-mêmes dans une banlieue sinistre, c’était un point de départ qui aurait pu donner lieu à un bijou d’humour noir ou de satire sociale. Mais Unsupervised semble incapable de décider ce qu’elle veut être. Résultat : un ton flottant, des épisodes creux et une narration qui manque cruellement de direction. Il ne suffit pas d’un concept pour faire une série — encore faut-il savoir quoi en faire.
Gary et Joel sont censés être touchants, naïfs, presque philosophiques dans leur optimisme face à un monde absurde. En réalité, ils sont plats, sans relief, et surtout sans évolution. Leur gentillesse, répétée jusqu’à l’usure, devient vite un tic d’écriture plutôt qu’un trait de caractère. Autour d’eux, des personnages secondaires caricaturaux au possible, qui n’apportent ni contraste ni saveur. Personne ne sonne vrai, et rien ne sonne juste.
La série se veut drôle. Malheureusement, elle ne l’est presque jamais. Les punchlines tombent à plat, les situations sont poussives, et l’absurde ne dée jamais le stade du maladroit. L’écriture manque de mordant, de rythme, de nerf. On attend un moment fort, un éclat de lucidité ou de folie — il ne viendra jamais.
L’animation ? Fonctionnelle. L’esthétique ? Générique. Il n’y a rien de distinctif dans le style visuel de Unsupervised, et cela renforce cette impression générale de série "vite faite, mal pensée". Même les génériques semblent bâclés, comme s’ils avaient été conçus sans conviction. Pour une série qui prétend sortir du moule, c’est d’autant plus décevant.
Le plus grand échec de Unsupervised, c’est qu’elle ne sait pas où elle va. Elle donne l’impression de vouloir parler de l’adolescence, de l’abandon, de la résilience peut-être — mais tout reste flou, survolé, sans la moindre cohérence thématique. Ce n’est pas de la subtilité, c’est de l’indécision. Et à la fin, on regarde sans comprendre ce qu’on est censé en retirer.
Unsupervised ressemble à une blague lancée avec assurance, mais sans chute. C’est une série qui veut faire du bruit en parlant de rien, qui promet la provocation mais livre l’ennui. Pas foncièrement inable, juste terriblement insignifiante. Et c’est peut-être là sa pire faute.