Witches of East End (Lifetime, 2013) avait tout pour ensorceler : des sorcières, une malédiction familiale, une ville mystérieuse, des secrets… Bref, un cocktail magique sur le papier. Mais très vite, la série révèle une faiblesse trop fréquente dans certaines productions télé : un beau vernis sans réel pouvoir derrière. Si je lui donne un 6/10, c’est parce qu’elle divertit, certes — mais sans jamais faire frissonner, ni vraiment captiver.
La série démarre avec une accroche séduisante : une lignée de sorcières immortelles tente de vivre discrètement, jusqu’au jour où le é revient frapper à la porte. Jusque-là, tout va bien. Mais rapidement, on comprend que la série ne sait pas quel ton adopter : veut-elle être un drame familial ? Une romance fantastique ? Un thriller surnaturel ? Résultat : elle picore un peu partout… et ne creuse rien.
Les rebondissements s’enchaînent, mais sans réelle tension dramatique. Tout semble survolé, aseptisé, comme si on avait peur de déranger le confort du téléspectateur. Le potentiel mythologique est là, les enjeux sont posés — mais jamais pleinement exploités. Un comble, pour une série qui prétend jouer avec des forces occultes.
Il faut le dire : le casting n’est pas le problème. Julia Ormond apporte de la classe, Rachel Boston et Jenna Dewan dégagent une belle énergie. Mais encore faut-il leur donner des dialogues et des dilemmes à la hauteur. Ici, tout sonne souvent trop propre, trop convenu. Les conflits familiaux ? Stéréotypés. Les romances ? Prévisibles. Même les moments de tension semblent cousus de fil blanc.
Il y a un vrai manque de complexité psychologique. Les personnages sont trop souvent au service du scénario, et pas l’inverse. Difficile, dans ces conditions, de s’attacher vraiment ou de se sentir investi.
Visuellement, Witches of East End joue la carte du joli, du lumineux, du confortable. On est plus proche d’une pub pour une déco de maison bohème que d’un univers surnaturel sombre et envoûtant. C’est plaisant à l’œil, oui — mais où est la singularité visuelle ? Où sont les choix artistiques forts ? Là encore, la série opte pour la facilité, pour ne pas dire la paresse.
Même les scènes magiques manquent d’impact. Il y a peu d’audace, peu d’imagination. Et c’est là que le bât blesse : comment une série centrée sur des sorcières peut-elle manquer à ce point de sortilèges marquants ?
Witches of East End, c’est un peu comme une potion mal dosée : les bons ingrédients sont là, mais le résultat est trop fade pour faire effet. Une série qui aurait pu marquer le genre, mais qui choisit le confort au lieu de la créativité, le convenu plutôt que le dérangeant. En somme, une magie sans mordant, qui laisse plus tiède que transporté.