Il ne fallait par définition rien attendre d'une nouvelle série Marvel diffusée sur Disney +. Car en plus de la désormais habituelle détestation de la souris aux grandes oreilles, on sortait cette fois-ci, pour vous convaincre par avance de la médiocrité de l'engeance, la semi-déroute artistique et scénaristique décrétée des deux saisons de What If.
Sauf que c'était pas si mal que cela, What If, même s'il faut reconnaître que certains épisodes étaient un peu moins réussis ou travaillés que d'autres. Et puis, Mickey, dans un autre registre animé, avait aussi proposé quelque chose d'inspiré en revisitant une galaxie lointaine, très lointaine, via le concept Star Wars Visions.
Et puis, quand on apprenait seulement quelques semaines avant la diffusion de l'engin que celui-ci avait déjà perdu son showrunner, c'était sûr qu'une nouvelle débâcle se profilait, confirmant qu'il ne fallait vraiment rien attendre d'une nouvelle série Marvel...
Tout cela pour dire que l'annonce de X-Men'97, plus de vingt-cinq ans après la dernière saison tronquée de la série initiale, n'avait suscité l'intérêt que de quelques croulants qui l'ont découverte en 1995 sur Canal + puis 2, lancée de la foulée du succès de Batman : The animated Series.
Soit une petite madeleine de Proust au parfum de l'enfance qui découvrait, émerveillée, l'existence d'autres héros, aux accents comics, bien différents de ceux qui lui était proposés jusqu'ici.
Une immersion dans un monde de costumes chamarrés, de super-pouvoirs fascinants et d'aventures trépidantes d'une remarquable fidélité au matériau de base.
Soit une série des plus sympathiques, qui n'avait pour défaut que de payer son orientation « kids » en gommant les aspects les plus noirs de l'oeuvre d'origine, ou encore, dans la même optique, de mettre en scène, parfois, des méchants plutôt folkloriques.
Ce qu'il y avait peut être à craindre d'un tel revival, c'est qu'il ne s'appuie que sur la nostalgie suscitée dans les années quatre-vingt-dix. A ce titre, si la reprise à la quasi-identique des images du générique et de ses notes de musique mythiques fait plaisir, tellement nous sommes transportés d'un bonheur tout droit sorti d'une capsule temporelle, une certaine forme de méfiance chatouille aussi l'esprit, redoutant la trahison ou la paresse.
Sauf que non contente de seulement raviver les plaisirs du é, la série X-Men'97 a choisi d'évoluer avec son public et de déer les ambitions de ses débuts.
Une évolution en douceur, dont la manifestation la plus évidente est le lifting technique apporté à l'ensemble, qui reste fidèle à son héritage tout en se montrant plus beau et plus fluide.
Une évolution qui se traduit ensuite par le rappel du décès de Charles Xavier, laissant son équipe orpheline balançant entre le leadership naturel de Cyclope et le retour inopiné de Magneto.
Et si les premiers épisodes laissent au spectateur le temps de refaire connaissance avec l'univers refermé en 1997, ils se montrent aussi trépidants dans leur narration, tout en laissant une place de choix pour nourrir la relation entre Jean et Scott...
Avant d'ajouter un R à son évolution, en prenant un tour des plus dramatiques à mi parcours le temps d'un épisode tétanisant, noir, funèbre et désespéré qui prend à revers. Car on ne s'attendait tout simplement pas à ce que la série assume à ce point le choix de sa maturité et de ses enjeux déchirants, abandonnant en 2024 l'aspect le plus juvénile de ses origines pour porter sa narration vers quelque chose de plus actuel, que l'on pourra identifier comme lorgnant, un peu, du côté de l'arc Krakoa de la série régulière.
Un épisode aussi bouleversant , touchant en plein cœur certains personnages attachants ne peut qu'enchaîner sur une légère baisse de régime, le temps d'une incartade spatiale légèrement hors-sujet, avant que X-Men'97 ne reparte de plus belle en vue d'un triple épisode d'une force incroyable, où la menace se fait implacable et le drame inéluctable, tout en continuant de réserver à chaque mutant un espace pour s'exprimer.
Soit une dramaturgie que ne souffre à aucun moment des tranches d'humour Marvel devenues classiques, celles-ci étant carrément absentes de la saison, qui fait par ailleurs appel à un tout nouveau méchant pour affronter la Team X, chose toujours rafraîchissante après vingt-quatre années de déclinaisons cinématographiques.
X-Men'97 séduit de manière immédiate. X-Men'97 bénéficie de la puissance de ses enjeux dramatiques et de la présence de chacun de ses mutants vedettes dont la série prend soin pour mieux les malmener ensuite. X-Men'97 s'emploie enfin, avec un panache réjouissant, à déjouer chaque mot animant les pronostics des plus aigris. Pour mieux se hisser vers les sommets.
De quoi, de nouveau, attendre quelque chose d'une série Marvel...
Behind_the_Mask, pas forcément interdit aux moins de dix-huit ans.