Cohérent, décent, touchant.
C'est toujours très difficile d'évaluer un album d'Emilie Simon. Ca l'est d'autant plus quand ça concerne Franky Knight. Parce que cet album a une aura, une histoire, un é, un vécu. Quelque chose qu'on ne peut pas oublier et qui reste en tête, chanson après chanson. Même s'il a été écrit pour illustrer musicalement l'adaptation ciné de La Délicatesse, Franky Knight reste très fortement lié à la mort de François Chevallier, ancien compagnon d'Emilie Simon, décédé à cause de la grippe H1N1. Comment donc, en tant que fan de l'artiste, en tant qu'amateur de musique, peut-on recevoir cet album et ne le considérer que comme un disque, alors qu'il est bien plus que cela ?
Franky Knight, c'est avant tout un hommage, un travail de deuil, limite une prière pour l'être aimé. Aimé et perdu. Emilie Simon y livre ses pensées de manière franche, directe simple. Ses chansons, qui ont parfois eu des paroles très travaillées et poétiques, gagnent ici en simplicité et touchent directement au coeur. "Si je pouvais bâtir un soleil, un empire, pour toi sans hésiter, cent mille fois je le ferais. Si je pouvais tout changer, et si je pouvais braver la mort j'irais te chercher." (Bel Amour).
Du coup, Franky Knight est sûrement l'album le plus cohérent de la belle compositrice. Beaucoup moins fourre-tout que son prédécesseur, The Big Machine, mais du coup, beaucoup moins surprenant également. On a quand même le plaisir de découvrir que la moitié des titres sont en français, une langue qui, avouons-le, convient beaucoup plus aux élans romantiques d'Emilie Simon que l'universel et impersonnel anglais. Les textes de Bel Amour ou JetaimeJetaimeJetaime sont de petites pétites. Sobres, délicats, touchants. "Des jours et des semaines, des mois ont é, et puis des années. Je te cherche quand même dans ce royaume que tu m'as laissé." (JetaimeJetaimeJetaime).
On pourrait reprocher à Emilie Simon d'avoir fait un album homogène, linéaire, sans chanson phare. Franky Knight n'a pas de Ballad of The Big Machine, de En Cendres ou de Il Pleut. Mais il a autre chose. Un petit supplément d'âme. L'ombre d'un amour qui perdure entre deux mondes. La décence, sans exhibition, d'une prière amoureuse et néanmoins pleine d'espoir d'une jeune femme qui avance malgré tout. Et la grâce, tant lyrique que textuelle, d'une artiste qui sait puiser son inspiration là où il faut. Directement au coeur.
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