"I do Lou Reed better than anybody." prétend Lou Reed dans une interprétation de Walk on the wild side de près de dix-sept minutes et il faut sans doute le croire, sans oublier pourtant que l'intéressé garde une certaine distance avec le personnage qu'il incarne sur scène. Texte sombre, provocations, attitude auto-destructrice et sans concessions (ne pas faire de prisonniers) doivent être sinon relativisés, du moins regardés avec un peu moins de sérieux. L'excroissance cancéreuse transforme Walk on the wild side en une diss track féroce dirigée contre les critiques. Ceux-ci n'ont, on les comprend, pas apprécié la farce jazzy. Robert Christgau, premier visé, remerciera Lou Reed d'avoir prononcé son nom correctement avec un C+. Le suceur d'orteil pourra néanmoins reconnaître à l'orgueilleux rebelle quelques mots d'esprits, une inventivité musicale presque drôle, notamment sur Pale Blue eyes et Berlin, et bien-sûr ce pas de côté par une star de rock décidément insaisissable.