Bon alors là, je comprends plus rien. Cullen Bunn, les gens l'ont maudit pour son "Deadpool massacre l'univers Marvel", et à juste titre. Son truc était bâclé, et amorçait un résultat daubesque pour la suite. C'est donc la mort dans l'âme que je suis allé lire la suite du comics, cette fois-ci sur les classiques de la littérature, et la manière dont ils ont inspiré les super-héros de comics. Et là, bim bam surprise : chef-d'oeuvre.
Et je pèse mes mots : le travail de Bunn est irréprochable. Preuve en est que le mec a du talent : quand il prend le temps nécessaire pour pondre un travail un minimum honorable, c'est qu'il est fichtrement épique, ce mec. Non parce que là, c'est juste génial; bon, j'irai pas jusqu'à prétendre que le mec est un génie, parce qu'il ne l'est assurément pas, aux vues de son travail habituel, mais avec ce tome, le type a sûrement signé l'oeuvre de sa vie.
Non pas que j'ai pu tout lire de ce qu'il a fait ( je n'ai même lu que deux de ses oeuvres, de mémoire ), mais de ce que j'ai pu en voir, je ne vois guère ce qui pourrait être meilleur que ce tome ci. Déjà, l'esprit de Deadpool est parfaitement repris, tellement que c'en devient dérangeant; l'on dirait même que c'est Wilson qui s'est tapé l'incruste pour rédiger ces quelques pages de pur folie portant sur sa simple vie dérangée.
Pour le coup, je n'y vois pas de réelle faille; l'humour est génial, le scénar vachement bien foutu, les références assumées et largement assumables, le tout assaisonné d'une maîtrise évidente des codes du genre, tant que l'on ne fait bientôt plus la différence entre le travail d'écriture et la plongée abyssale dans l'intrigue du comic; en gros, l'on s'y croit fortement. L'immersion est parfaitement bien réussie.
Une immersion grandement favorisée par l'aspect joyeusement immoral et décomplexé du truc; il est d'ailleurs foutrement amusant de voir que les héros de littérature sont bien plus puissants, au final, que les héros de comics. Et le meilleur dans l'histoire, c'est que cela suit une logique implacable : si les super-héros ont été inspirés des classiques écrits, il paraît logique qu'ils résistent moins bien à leur antéchrist que ne le feraient Sherlock Holmes et Beowulf, par exemple.
Dans le fond, l'hommage est vibrant; l'on sent la ion de l'auteur pour tous ces héros littéraires, un hommage qui semble suinter des pages de par son intensité assumée. De plus, le tome se veut, parfois, plonger vers l'émotion ( au point d'en devenir émouvant... avec Deadpool. Y'a que moi que ça choque? ), et la réflexion sur l'importance des idées est fichtrement ionnante à suivre.
A noter, en plus, des dessins parfaits pour illustrer les péripéties de notre psychopathe préféré, ainsi que des couleurs et un encrage donnant une personnalité parfaite à cette oeuvre hors du commun. A lire, un vrai coup de coeur. Voilà donc un trip que je ne suis pas près d'oublier de sitôt. Un classique, à n'en pas douter ...