Je dois l'avouer, je n'ai pas lu 1984. Mais je connais très bien de quoi il parle ; d'un régime totalitaire interdisant toutes les libertés, celle de s'exprimer, et surtout celle de s'aimer. C'est pourtant ce que vont oser faire deux agents, joués par John Hurt et Suzanna Hamilton, dans un régime qui condamne l'amour, et qui impose aux prolétaires de vivre comme des animaux.
Je ne sais pas à quel point le film est fidèle au livre de George Orwell, mais il interpelle beaucoup en montrant déjà en 1950 (date de parution du roman) à quel point nos propres libertés sont mises à l'épreuve dans le monde actuel. Libertés qui se brident un peu plus dans certains pays, dans certains régimes, et même si c'est par la forme cinématographique, je trouve que c'est véritablement visionnaire. En particulier la vision de Big Brother, entité qui surveille tout le monde via des écrans disposés chez chaque individu... ce n'est pas la même chose avec Internet ?
La forme du film est assez particulière, montrant un monde aux teintes très sombres, et où chacun est réduit à pas grand-chose, avec leur bleu de travail. Il y a une interprétation générale tout à fait formidable des acteurs, aussi bien John Hurt que la touchante Suzanna Hamilton, dont je trouve que ses scènes dénudées sont justifiées. C'est un appel à renverser l'ordre établi, une femme prête à disposer de son corps comme bon lui semble. Il y a également Richard Burton qui, pour sa dernière apparition à l'écran, se révèle effrayant en agent de Big Brother qui veut, veut rétablir cet ordre par d'horribles moyens de persuasions, comme rompre tout sens logique à l'Homme...
Ces tons très monochromes vont très bien à cette histoire, d'un cruel pessimisme, et qui semble tellement actuelle. Loin de moi l'idée de faire de la politique, mais ce 1984 est un très bon film, à la forme un peu particulière, mais qui est portée par de grands acteurs et sans doute le coup de génie de Michael Radford.