Au moins, ils ont essayé.
Le nouveau volet de la franchise "Captain America", 7560ème épisode du MCU, ne cache pas son envie de relancer un univers en perdition depuis bien longtemps et essaye d'apporter un vent de fraîcheur à ce dernier. Le film n'est pas détestable, loin de là, certaines scènes sont sympathiques et le tout est pavé de bonnes intentions. On sent une envie d'apporter une ambiance un peu plus sombre, des enjeux plus réels, de sortir du cadre super-héroïque pour se rattacher à quelque chose de plus terre-à-terre...
Mais une bonne intention ne fait pas une bonne oeuvre, et on ne peut pas prétendre faire un bon long-métrage quand on cherche autant à l'insérer dans un système qui dilue toute volonté artistique, toute volonté politique, pour servir des choses aussi correctes et convenues.
Comme d'habitude avec cet univers Marvel, c'est moche. Vraiment moche. Quelques scènes dans l'obscurité sont plus esthétiques grâce à la magie des lumières/néons, mais dès qu'on est en extérieur, la photo est affreusement laide. Les fonds verts sont ratés et la colorimétrie est fade. Et le problème, c'est que quand on veut flirter avec les codes du thriller, on a besoin de quelqu'un de doué à la caméra et à la lumière. On doit pouvoir créer une ambiance, de la tension... Sauf que la sauce MCU vient gâcher le plat, en nous proposant un visuel sans aucune personnalité.
Mais le plus dommage, c'est le pétard mouillé qu'est l'approche politique du film. Pendant une bonne moitié de l'oeuvre, on nous offre un petit contexte géopolitique, avec des enjeux internationaux, de la coopération, des missiles... À un point qui nous fait nous demander pourquoi on a pas vu tout ça depuis 15 ans (si ce n'est dans Civil War, et encore) alors que des super-héros se cassent la gueule dans le monde en permanence. Sauf que cette volonté nouvelle est détruite aussi tôt qu'elle ne naît, avec une conclusion d'histoire d'une naïveté incommensurable. Bucky vient faire un discours à Captain en lui disant que c'est son coeur qui compte, gros méchant Hulk redevient normal parce que Sam lui dit que c'est son coeur qui compte, et le gros méchant général devient vraiment gentil en acceptant d'être démis de ses fonctions et de se mettre à l'écart, en retrouvant sa fille, parce qu'au fond les politiciens ne sont que de gentilles personnes surmenées à qui il conviendrait de parler davantage...
En bref, un film candide, qui est loin d'être abominable car tout de même divertissant et bien intentionné, mais dont l'existence en tant qu'engrenage d'un système en panne nuit complètement à ses maigres volontés, mortes-nées au demeurant.