Ozu, tout simplement.

Après en avoir pris plein la tronche en regardant "Voyage à Tokyo", c'est non sans un certain enthousiasme que j'entamai le visionnage de ce "Gosses de Tokyo", film muet que Ozu tourne vingt ans plus tôt.

Le film débute par une scène de déménagement : Une petite famille, un couple et ses deux jeunes enfants, s'installe dans les faubourgs de Tokyo. Les premiers s avec les enfants du quartiers sont tendus : et oui, pour des enfants, toujours difficile de se faire accepter dans une bande... Les deux gosses, rejetés, iront même jusqu'à faire l'école buissonnière, de peur de se faire bastonner. Cette première partie du film nous décrit, non sans humour (et ça vire même parfois au burlesque) comment les deux frères tentent de se faire accepter par les gosses du quartier.

Le film prend ensuite une tournure toute différente, presque inattendue, lorsque les enfants se rendent compte que leur père n'est pas "quelqu'un d'important" et qu'il travaille comme simple employé pour une personne plus importante que lui. Encore une fois, Ozu nous amène ça d'une façon magistrale, avec une scène d'une simplicité criante et non dénuée d'humour. Suite à ça, les enfants se rebellent : pourquoi aller à l'école et apprendre si c'est pour devenir comme leur père, à travailler pour le compte d'un patron plus riche que soi. Là où l'enfance permet encore de s'improviser chef de bande, l'âge adulte reflète une toute autre réalité, plus dure et difficile à accepter quand on a que 8 ou 10 ans.

Avec ce film, Ozu e maître dans l'art de décrire les rapports familiaux, tout comme on le verra plus tard dans "Voyage à Tokyo", et il le fait de la façon la plus simple et la plus belle qui soit.
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le 28 janv. 2012

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Mr_Jones

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