Mérite d’être découvert

Sorti en 1980 sur les écrans français, Haine a pratiquement inaperçu du fait d’une interdiction aux moins de 18 ans qui nous parait aujourd’hui complètement hallucinante. À ma connaissance, cela stoppa net la carrière cinématographique de Dominique Goult qui avait auparavant réalisé quatre films pornographiques sous le pseudonyme de Richard Stephen. C’est donc son unique film non pornographique (il est même d’ailleurs totalement dénué d’érotisme) et son dernier film. Haine s’ouvre sur une citation de Stendhal « J’ai assez vécu pour voir que différence engendre haine » et reprend le thème très classique de l’étranger, de celui qui est différent, ici un motard qui arrive dans un petit village français, et qui est rejeté et persécuté du fait de cette différence. Les influences sont multiples : Furie de Fritz Lang, L’étrange incident de William Wellman, La poursuite impitoyable d’Arthur Penn, Scènes de chasse en Bavière de Peter Fleischmann, et aussi, curieusement, Duel de Steven Spielberg. Le film est inégal. La peinture du petit village français et de ses habitants, très réaliste, est très réussie. La parabole christique, on notera que la jeune femme considérée par le village comme une « traînée » et interprétée par Maria Schneider s’appelle Madeleine, n’est pas inintéressante mais est tout de même un peu lourde. Le film est aussi un peu répétitif notamment dans les tentatives du motard pour quitter le village auquel il est toujours ramené, ce qui n’est d’ailleurs pas toujours très vraisemblable. Enfin, la séquence prégénérique dans la centrale électrique reste pour moi totalement incompréhensible. Mais, dans l’ensemble, et malgré ses faiblesses, Haine, sorte de western un peu franchouillard, est globalement réussi et mérite d’être découvert. Le film est disponible en combo Blu-ray/DVD, dans une très bonne copie aux éditions Le chat qui fume.