En s'attelant à leur nouveau délire, les créateurs de This is the End n'imaginaient certainement pas qu'il serait au coeur d'un sacré bordel international. Distributeur de la chose, Sony se voit piraté ses données en novembre 2014, par le groupe #GOP, accusé par le gouvernement américain d'appartenir au régime nord-coréen, peu flatté de se voir ainsi ridiculisé par le duo Seth Rogen / Evan Goldberg.
Face à de sérieuses menaces, Sony se décide dans un premier temps à annuler purement et simplement la sortie du film, budgétisé tout de même à 44 millions de dollars, hors marketing. Le film sortira finalement dans une combinaison réduite de salles et en VOD, engrangeant dès le premier jour un bon million de dollars, chose étonnante pour une sortie aussi "confidentielle".
Avec une telle publicité, The Interview devient le nouvel objet brûlant du moment, LE film subversif qu'il faut voir absolument... ce qu'il n'est à aucun moment et n'a jamais prétendu être. Ce qui peut expliquer l'accueil tièdasse qui lui aura été réservé, les spectateurs attendant une charge virulente alors qu'il n'est qu'une pochade régressive et inoffensive.
Une fois accepté pour ce qu'il est réellement et sorti du contexte chaotique dans lequel il nous est arrivé, The Interview reste un simple film de potes étonnamment sympathique, manquant clairement de folie et accusant une durée un peu longue mais remplissant tranquillement son contrat. L'humour est certes con et gras mais fonctionne, le tandem Seth Rogen / James Franco s'en donne à coeur joie (surtout le deuxième, cabotinant à mort) et, détail appréciable, la mise en scène, tout en restant fonctionnelle, fait le boulot et rythme plutôt bien l'ensemble.
S'ils tirent sur l'ambulance, Goldberg et Rogen ne prétendent jamais apporter la moindre solution, le moindre regard neuf, restant jusqu'au bout dans le pur délire et le non-sens. Ce qui ne les empêche cependant pas de poser un oeil lucide sur l'interventionnisme américain, sur la manie du gouvernement à déloger un dictateur pour le remplacer par un autre plus docile.
Loin d'être la satire vacharde sur-vendue par les médias, The Interview est tout simplement un délire entre potes plutôt sympa, effectivement très très con mais qui s'assume tel quel du début à la fin et c'est parfait comme ça.