L'objet cinématographique suprême. Trouvez-le, regardez-le, aimez-le pour le restant de vos jours.
John Sims est né le 4 juillet, il accoste à New York pour réaliser ses rêves insignifiants, puis il y est embauché dans un immense open-space, fourmi au milieu de ses congénères de gratte-ciel. C'est l'archétype du vaillant petit citoyen américain encore empli de l'enthousiasme des pionniers. Sims commence à faire son chemin, on l'a rapidement vu naître et grandir, c'est l'homme le moins original du monde. Ça en deviendrait presque irritant.
Qu'attendre d'un homme si générique, si ce n'est que son père lui avait promis qu'il deviendrait quelqu'un d'important... Pourtant, Sims demeure ce n'importe-qui perdu dans la foule. Parmi l'immensité, il est celui sur qui par hasard notre regard est tombé, celui dont on va sonder un instant les expériences ordinaires fascinantes de justesse, les voir scintiller et se déployer un moment avant de mourir.
Sa vie prend forme comme un grand brouillon sans conséquences, et cela continue toujours plus loin. Comme tout un chacun, le jeune Sims a pris les grandes décisions par hasard, inspiré à l'improviste par une affiche croisée au coin de la rue. Les lignes porteuses ont été tracées à la va-vite et tout le reste a bourgeonné autour, et c'est devenu le plus important, c'est devenu soi.
Déjà les publicités ont colonisé l'imagination, elles ont répandu leur paysage chatoyant au dessus de toutes les têtes, c'est devenu un environnement naturel pour les enfants du futur, et sur lequel certains esprits dansants s'amusent déjà à faire des ricochets. Sims est un homme de son époque, il jongle avec insouciance au milieu de ce décor versatile : il invente un slogan publicitaire.
Les morceaux joués par John Sims au ukulélé :
http://youtu.be/fu9B5MTfs1k
http://youtu.be/c5hTWCzUQ-o
http://youtu.be/XCrAwNt_Mpg
http://youtu.be/OrfxGiJMhDg
Et puis quelque chose arrive, quelque chose de tellement aberrant que le monde entier devient grotesque et prend un rictus horrible, presque comique. Ça tombe du ciel comme la peste, comme une mauvaise farce, lentement le vertige s'installe au dessus de ce gouffre absurde, et inexorablement la gorge se serre. Il fait grand soleil, mais le moindre fragment d'existence se trouve éteint, il n'y a plus que des visages décomposés, rien.
Que faire, si ce n'est espérer... quoi, un miracle ? la plus belle scène de l'histoire du cinéma ? Et c'est ce qui arrive, et vous devrez pleurer.