La Jeunesse de la Bête se révèle être une oeuvre particulière, où un scénario assez confus déroute presque autant que la mise en scène est sublime à bien des égards.


Pourtant, le scénario débute assez bien, avec une histoire certes guère originale d'infiltration dans la mafia, mais ô combien intéressante et potentiellement efficace.
La suite ?


Hé ben, elle part un peu dans tous les sens, sans que ce soit vraiment problématique. On se perd un peu entre les histoires de gangs rivaux, de prostitués ou de drogues, avec des personnages hauts en couleurs. D'abord le principal, un ex flic avec une tête d'hamster, obstiné et que peu de choses peuvent arrêter, puis tous les secondaires, bien souvent des marginaux, tels l'un des leaders de la pègre complètement fou, axé sur la torture et très proche de son chat ou un garde du corps trop émotif.


L'oeuvre est sérieuse malgré toute cette galerie alors que celle-ci est largement sublimée par la mise en scène de Seijun Suzuk. Elle déborde de bonnes idées et exploite parfaitement des décors de studio, ce qui semble d'apparence banal devient fou et radical. Le coup du fusil à travers le toit, le bar où la mafia peut voir à travers les miroirs, la façon dont Jo use des flingues ou tente de les récupérer... tout cela est aussi génial que mémorable. On notera aussi une superbe mise en abyme, l'utilisation des écrans ou les dialogues renvoyant les personnages à des rôles pour le cinéma.


Suzuki prend aussi un malin plaisir à torturer les personnages, de nombreuses séquences sont là pour en témoigner, mais il rend ça assez jouissif, surtout lorsque c'est inscrit dans le cadre d'une bande originale jazzy et une photographie classieuse. Enfin, La Jeunesse de la Bête, c'est aussi une l'image d'une société japonaise gangrenée par la violence et les gangs. Tout cela (écriture, mise en scène, tableau de la société japonaise ... ) forme une certaine alchimie, un équilibre fragile mais donnant une atmosphère prenante.


La Jeunesse de la Bête surprend et bouscule, on appréciera principalement son atmosphère prenante, grâce à une mise en scène innovante et dont les nombreuses bonnes idées compensent un scénario partant dans tous les sens, mais surtout une ionnante philosophie de Cinéma, vu vraiment ici comme un art prêt à déranger le spectateur et lui proposer une nouvelle expérience.

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le 21 août 2020

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Docteur_Jivago

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