C'est une démarche intéressante qui porte Asmae El Moudir à réaliser ce film documentaire : la levée du voile sur un massacre d'état, l'acceptation par les membres d'une famille d'un tabou enfoui au fil des décennies et, en somme, la documentation de ce qui ne l'a pas été.
N'est pourtant pas Rithy Panh qui veut.
Le geste original se révèle finalement en film à dispotitif manipulateur, franchissant certaines frontières (dont celles de l'obscenité), où se mêlent dans une confusion malsaine la fiction et le réel, où la performance théâtrale prend le pas sur le témoignage, où la direction d'acteurs remplace la spontanéité et le hasard et où le making-of se révèle en autoportrait égocentrique.
La disparition et le silence sont en soi un sujet plein. La réalisatrice ne l'assume pas et les remplit artificiellement par le bavardage, les jugements et la mise en scène, manquant par là-même tout le respect qu'elle devait à ses sujets et ceux qui l'incarnent.
Le summum de cet échec est résumé en une courte scène : poussant ses proches à affronter leurs traumas, elle les réconforte en leur demandant de tout oublier, une fois ressurgie la douleur qu'elle cherchait sans vergogne