La Mère de tous les mensonges
6.6
La Mère de tous les mensonges

Documentaire de Asmae El Moudir (2023)

La Mère de tous les mensonges par Charles Dubois

C'est une démarche intéressante qui porte Asmae El Moudir à réaliser ce film documentaire : la levée du voile sur un massacre d'état, l'acceptation par les membres d'une famille d'un tabou enfoui au fil des décennies et, en somme, la documentation de ce qui ne l'a pas été.

N'est pourtant pas Rithy Panh qui veut.

Le geste original se révèle finalement en film à dispotitif manipulateur, franchissant certaines frontières (dont celles de l'obscenité), où se mêlent dans une confusion malsaine la fiction et le réel, où la performance théâtrale prend le pas sur le témoignage, où la direction d'acteurs remplace la spontanéité et le hasard et où le making-of se révèle en autoportrait égocentrique.

La disparition et le silence sont en soi un sujet plein. La réalisatrice ne l'assume pas et les remplit artificiellement par le bavardage, les jugements et la mise en scène, manquant par là-même tout le respect qu'elle devait à ses sujets et ceux qui l'incarnent.

Le summum de cet échec est résumé en une courte scène : poussant ses proches à affronter leurs traumas, elle les réconforte en leur demandant de tout oublier, une fois ressurgie la douleur qu'elle cherchait sans vergogne

3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2024

Créée

le 28 févr. 2024

Critique lue 213 fois

1 j'aime

Charles Dubois

Écrit par

Critique lue 213 fois

1

D'autres avis sur La Mère de tous les mensonges

Anatomie d'un "chut"

Si l'on retient bien une leçon en sortant du visionnage de La mère de tous les mensonges, c'est que le silence ne se définit pas forcément par la retenue craintive et que le mensonge ne se définit...

le 4 mars 2024

11 j'aime

2

Mémoire, mode d’emploi

L’inventivité narrative à l’épreuve du silence imposé par les tenanciers de l’Histoire : le principe est vieux comme le monde, mais ne s’essouffle jamais, et semble actuellement prendre un nouvel...

le 5 mars 2024

6 j'aime

La parole manquante

On en aura vu ces dernières années des documentaires de cette facture, c’est-à-dire formatés par la fiction, dont l’exemple le plus marquant était le film de Laura Poitras. En reconduisant le...

Par

le 3 mars 2024

5 j'aime

Du même critique

"On prend sur soi."

Il y a au départ la petite histoire qui donne son origine cocasse au film : la rencontre, tumultueuse pour le moins, de François Ruffin avec Sarah Saldmann, chroniqueuse sans grande finesse du...

le 2 oct. 2024

29 j'aime

1

Critique de Les Blues Brothers par Charles Dubois

Film emblématique d'une génération, The Blues Brothers n'a pas réussi à me convaincre. En tous cas pas totalement. Certes je n'ai pas é un mauvais moment, j'ai même ri franchement à certains...

le 29 déc. 2015

18 j'aime