Visionnage que j'ai longtemps repoussé, n'étant pas spécialement client du combo Netflix/curiosité morbide. Mais bon, Bayona, quand même.
Déjà, c'est dans le top 5 des meilleures mises en scène de l'année. Le travail du cinéaste espagnol sur l'environnement et le gigantisme est vertigineux, créant une sensation d'oppression et d'impuissance totale. Les cadres sont en permanence encerclés de ces immenses chaînes de montagnes, masquant constamment l'horizon, et donc l'infime espoir de survie qui y est rattaché. Le tout sublimé par une OST splendide signée Giacchino, mais surtout, des idées de cinéma brillantes. Bayona place toujours sa caméra au meilleur endroit, dynamisant inlassablement un récit et un décor pourtant fondamentalement épuré : une simple carcasse d'avion, et de la neige, à perte de vue. Les scènes catastrophes sont saisissantes (crash d'avion, avalanches), et le spectateur est plongé au plus près de ces personnages, partageant ainsi (à son échelle) cette aventure véritablement éprouvante.
Mais là où Bayona touche au génie, c'est dans son approche du récit. À travers ce format de grosse production Netflix, je craignais une narration particulièrement doloriste, appuyant bien grassement sur les zones qui font mal. Et autant vous dire que les faits divers, et toute la curiosité morbide qui en découle, c'est vraiment pas ma came. Sauf que le cinéaste va opter pour l'exacte inverse, épargnant toujours son spectateur de la pure horreur (majoritairement reléguée en hors-champ). Ce qui ne signifie pas que le film est léger ou facile à vivre, bien au contraire. Mais Bayona s'intéresse bien plus au parcours de tous ces personnages, survivants ou non, à travers la naissance d’une micro-société. Bref, un très grand film.
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