Le réalisateur Zéno Graton signe là un premier film touchant, doux et intense, qui nous retourne complètement. À travers une mise en scène sobre, sans jamais en faire trop, dans une économie de dialogues et de scènes, le cinéaste parvient à dérouler un récit riche en idées et en émotions. Le seul défaut du film, à mon sens, réside dans un scénario légèrement simple, manquant parfois de subtilité.
L’univers d’un centre de détention pour mineurs, où se déroule cette histoire d’amour, est dépeint loin des clichés, à travers le portrait simple mais juste de ses pensionnaires, personnages secondaires mais non moins marquants. Certains pourront dire que la vision en est idéalisée, mais je crois que c’est une belle façon, efficace, d’aborder ce thème. Le film interroge en effet sur la justice, le sens de la détention, et nourrit le débat entre justice punitive et justice réhabilitative.
L’histoire d’amour est dessinée en quelques scènes, et très peu de dialogues, mais avec une justesse et une intensité réservée aux grands cinéastes. C’est rendu possible notamment par l’impressionnant jeu d’acteur. On retiendra particulièrement Khalil Ben Gharbia révélé dans Peter Von Kant, et Eye Haïdara que l’on a vu dans le Sens de la fête et Brillantes. On appréciera que dans cette romance, le fait qu’elle soit entre deux garçons n’est pas un sujet, ni pour eux, qui ne combattent pas une homophobie intériorisée, ni pour les autres, puisque celle-ci se déroule dans l’intime.
Le film est empli de poésie, qui adoucit le milieu de la détention, et la brutalité des émotions des personnages, à travers les dessins de William, les photos de l’atelier organisé, les danses de William et Jo qui semblent se répondre.
La musique est peu présente, mais marquante dans les quelques scènes qu’elle habille si joliment.
Le Paradis est un très beau film sur l’amour, l’amour qui efface tout le reste, qui brise et qui soigne.