The Shrouds (Les Linceuls) est, n'ayons pas peur des mots, une purge. On croit à un film écrit par une intelligence artificielle, qui oublie complètement son enquête de départ ("Mais qui a saccagé le cimetière moderne ? Et pourquoi le squelette de mon épouse a des espèces de croûtes blanches sur les os ?") au bout de cinq minutes, au profit de beaucoup (mais alors : vraiment beaucoup) de scènes de dialogues qui nous barbent copieusement, et quelques incursions fantastiques dans des rêves qui n'ont pas de franches conséquences sur le réel (on se demande en continu ce que cela fiche là, si ce n'est justifier que Diane Kruger est au casting, avec des effets numériques laids pour les déformations du corps, quand le Monsieur aux commandes était autrefois célèbre pour ses prothèses corporelles...une honte.). Si vous ne savez pas encore quoi en penser, attendez un peu d'aborder la fin, elle nous a achevé d'un coup sec.
Guy Pearce se met à surjouer de façon hystérique (une vision d'horreur) en égrainant les théories les plus tirées par les cheveux pour résoudre les enquêtes (dont on se rappelle qu'elles existent au bout d'une heure et demi de film), avec un Vincent Cassel en face qui enchaîne les "Mais nan !" les plus risibles (on se croirait dans une parodie, mais c'est bien sérieux),
et avec ce twist cataclysmique :
il n'y avait pas de "croûtes blanches", c'est MidJourney, que quelqu'un a utilisé...
C'est ça, le super twist de fin ?! Au secours, on tombe les yeux devant ce qui est le pire Cronenberg, de très loin. Et on oublierait presque le meilleur : l'humour "OK tonton" de ce film, qui regarde l'intelligence artificielle avec le dédain d'une personne âgée qui essaie de tourner en ridicule la moindre appli, mais devient lui-même très (très) ringard et gênant. Oui, on veut parler du rapport du personnage de Cassel avec l'appli "Alexa" qui se transforme en koala, et lui susurre des phrases très connotées, à plusieurs moments du récit, sans qu'on ne comprenne d'où sort ce délire (à part d'un humour de dinosaure). Pas besoin de cercueil, le dernier Cronenberg s'enterre très bien tout seul.