J'ai toujours le plus grand mal, lorsque l'on me le demande, pour fournir une liste de films préférés, pour trier ou ordonnancer mes coups de cœur, pour hiérarchiser ce vers quoi mon cœur de cinéphile se porte.
Mais pour ce film là, inédit personnel, c'est avant tout une histoire de scène, la Scène. Incapable de vous citer un film préféré, je puis par contre vous citer une scène préféré : celle qui se produit dans Little Odessa de James Gray, lorsque Joshua emmène son père pour l'exécuter, dans la neige, et puis, finalement...
Pourquoi cette scène, pourquoi ce film ? Parce que c'est beau, parce que c'est déchirant, parce que, à l'époque de sa première vision lorsque j'étais lycéen, comme aujourd'hui, ce premier film de James Gray (Il avait 24 ans lorsqu'il le réalisa) prenant ancrage dans le milieu juif ukrainien de New York, dans sa mafia, m'envoute, m'ébranle, me touche, et me sidère. Tout simplement. Une histoire d'impressions et de cœur, comme sait en produire le bon cinéma, et les grandes histoires.
Ici une histoire père-fils, le poids du é, de l'héritage, une mélancolie puissante et amère, la mort, l'amour, la tragédie qui s'amorce et pour l'accompagner les accents d'une mélopée orthodoxe belle comme la vie.
Et puis... Cette scène. La Neige. Un père, le père. Son fils, moi, et le secret de cette vision incroyable. Quelques mots. Un dialogue impossible. Et les notes du chant de l'exil. Des larmes depuis. La même émotion à chaque fois. J'aime ce film.